Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour janvier, 2010

Le labyrinthe oraculaire

Posté : 27 janvier, 2010 @ 8:08 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

 

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Quiconque écoute un de ces conteurs populaires sur les marchés et dans les cafés des villes arabes, entendra certainement parler d’une femme étrange qui apparaît toujours vêtue de noir de la tête aux pieds, couverte d’un voile diaphane de la même couleur, et qui vole, tue, incite à l’adultère, répand des maladies et propage toutes sortes de maux, surgissant et s’évanouissant de manière si soudaine qu’on la soupçonne d’être un génie féminin.
En réalité, cet être porte le nom de Sayda; et appartient au genre humain.
Elle naquit vraisemblablement au siècle antérieur à celui d’al-Ghatash
[1] dans une des tribus païennes qui parcouraient la région de Qudayd où se trouvait un célèbre sanctuaire lithique consacré à Manat, déesse du destin et de la mort.
Sayda, enfant, fréquenta les prêtres de la divinité. Et de ceux-ci, elle entendit l’oracle de sa propre fin.
La jeunesse est incompatible avec la mort : Sayda voulut confirmer la prophétie en se présentant de nouveau devant Manat; mais déguisée cette fois en homme. On ignore combien de fois elle employa ce stratagème, modifiant à chaque visite sa seule apparence. On raconte même qu’elle se coupa les cheveux, se creva l’oeil gauche, s’amputa des doigts de pieds et des mains.
Les oracles différaient dans leur forme, mais possédaient le même sens. Sayda décida alors de défier la déesse. Elle ne voulut pas seulement contredire les oracles; elle prétendit échapper à la mort.

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On ne sait pas exactement de quelle manière, mais Sayda parvint à s’infiltrer parmi les pèlerins de Manat et à écouter les destins de chacun d’eux. Elle fit alors une grande découverte :

 

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La nuit

Posté : 26 janvier, 2010 @ 6:01 dans - époque contemporaine, musique et chansons | 2 commentaires »

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 Resistência, A noite (En concert à Lisbonne)

Elle a souri et il l’a suivie
Elle l’a déshabillé et elle le satisfait

Passe la nuit
passe le temps lentement
il fait déjà jour
c’est l’heure de retourner

ici au clair de lune près de toi
près de la mer

seul le rêve peut subsister
et ce n’était qu’un rêve

 

L’original, du groupe Sitiados :

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Et la version du groupe Xutos e Pontapes :

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Le bateau noir

Posté : 25 janvier, 2010 @ 8:00 dans - époque contemporaine, musique et chansons, Poesie | 2 commentaires »

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Musique de Caco Velho, Piratini
Paroles de David Mourão-Ferreira
Interprète : Amália Rodrigues

C’est une femme qui parle à son homme parti sur un bateau noir… et les vieilles disent qu’il ne reviendra pas :

Dans le vent qui jette du sable sur les vitres;
Dans l’eau qui chante, dans le feu qui se meurt;
Dans la chaleur du lit, sur les bancs vides;
Dans mon coeur, tu es toujours avec moi.

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la mer, qu’on voit danser…

Posté : 24 janvier, 2010 @ 12:55 dans littérature et culture, Poesie | 2 commentaires »

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danse aussi l’hiver, au contraire de la cigale.

 

 

 

le silence de la nuit

Posté : 23 janvier, 2010 @ 11:25 dans - époque contemporaine, littérature et culture, musique et chansons | Pas de commentaires »

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Terrie Alves (Açores) Silêncio da noite

espoir déçu

Posté : 22 janvier, 2010 @ 8:39 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Un soir, dans le jardin d’une maison abandonnée, apparut, comme dans un conte réaliste, un chien. Les premiers jours il se montra très curieux d’examiner sa nouvelle solitude – il se couchait et observait les choses autour de lui. Ensuite, il se mit à se promener d’un côté à l’autre et comme il ne rencontra personne il se sentit, peut-être, l’unique chien du monde. Un certain orgueil d’être le gardien et, par ce qu’il n’y en avait pas d’autre, le maître de ce petit désert, fit accélérer la circulation sanguine de ses oreilles de plus en plus attentives. Dans les jours qui suivirent il se déplaça méthodiquement d’une extrémité à l’autre comme pour vérifier la nature de son isolement – toujours la tête basse et l’air concentré. Il lui sembla, finalement, que cet espace de mouvement lui apportait une grande solitude. Il se coucha en boule pour se sentir plus confortable mais il lui manquait les limites de la barrière et du mur. Et il aboya, effrayé. Ah, il n’était pas seul ! Et il aboya encore une fois. Il attendit, mais il n’y eut pas de réponse. Il aboya, cette fois pour appeler son maître virtuel. Fatigué, il poussa un jour son premier hurlement. La même illusion se répéta – prendre son hurlement pour un hurlement étranger – et il se sentit réconforté dans sa clameur.

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découragement

Posté : 21 janvier, 2010 @ 9:26 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Une fois dehors, il cligne des yeux, le jour est mieux réveillé que lui, mais le jour n’a aucune raison de se sentir misérable. Il faut qu’il profite du soleil, on dirait même que ça lui fait du bien. L’idéal serait de retourner à Bâle, de rejoindre Urseli et les enfants, et Hans. Il irait bien mieux, c’est sûr, avec plus de soins et les humeurs de l’air un peu moins humides, peut-être que… Deux mois, a dit le physicien, deux mois en plus des six prévus. S’il vivait encore, Metz ne lui reprocherait pas de ne pas avoir terminé sa commande; pauvre évêque, le corps à peine refroidi dans sa tombe… 

            Il suit la rive droite du Léman, qui lui paraît à présent plus chaude ; de chez lui au lac, il n’y a pas loin, peut-être que la promenade lui ouvrira l’appétit et lui fera manger quelque chose, le jeûne n’est pas bon pour ce qu’il a ; et le paysage lui a toujours plu. Le lac ressemble à un miroir d’eau. La lumière sévère d’octobre est bien plus forte, reflétée sur la calme surface, les maisons de Genève, là en haut, sur l’autre rive, paraissent brillantes et suspendues comme les anciens jardins de Babylone, et les tours de la cathédrale St Pierre se découpent dans le lointain comme des doigts pointés vers les cieux. …

(une cathédrale qui, c’est le plus probable, ne verra jamais terminé le retable commandé il y a peu de temps par François de Metz, à Bâle.).

            Il sent une faiblesse dans les jambes, et ce n’est pas de la fatigue; sa poitrine halète, et ce n’est pas la toux; ses yeux se troublent, et ce n’est pas de la torpeur. Ce n’est que lui qui se brise. Bref, son âme se sépare de lui. Assis sur la rive droite du Léman, avec la lumière reflétée sur la surface des eaux devant lui et les maisons sur l’autre rive déjà brouillées par la violente lumière et par les larmes, Konrad sent que de ses yeux, creusés par de longs jours de maladie et une nuit d’insomnie, jaillissent deux ruisseaux qui coulent sur ses joues. Sa main tremble lorsqu’il la pose sur son front. Il n’essuie pas ses larmes, il se laisse pleurer. C’est ainsi qu’il se brise, immobile, l’âme exsangue.

Sérgio Luís de Carvalho, O retábulo de Genebra, Campo das letras, 2008 (inédit en français)

paysage de pluie

Posté : 20 janvier, 2010 @ 9:09 dans - époque contemporaine, littérature et culture, Poesie | 4 commentaires »

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Lecture du texte « Paysage de Pluie » extrait du Livre de l’Intranquilité de Fernando Pessoa et interprété par Frédéric Pierrot et Christophe Marguet

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