Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour janvier, 2010

un mariage réussi

Posté : 19 janvier, 2010 @ 11:34 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Ayant appris à rester silencieux dès leur première rencontre, ils n’ont plus jamais eu de problèmes par la suite. Trente-cinq ans de mariage et pas un seul problème. S’ils sortent pour dîner, ils s’assoient à la table que l’employé leur désigne et ne perdent pas de temps à dire qu’elle est bonne ou que la vue est magnifique. Ils ont appris l’art du silence à leur première rencontre. Devant le menu qu’on leur présente, ils disent l’essentiel, ils ne sont pas comme d’autres couples qui s’obligent à des commentaires sur le filet de veau aux trois poivres sur lit de purée de pommes nappé d’orange au cointreau, ou sur les suprêmes de porc en feuilleté délicieux aux éclats d’amande, ils ne vont jamais au-delà de l’essentiel, ils choisissent du veau, du porc, ils choisiraient même si, veau tué avec un coutelas aiguisé après choc électrique et suspension par une patte pour éviter le contact avec le sol, ou porc né et élevé sans avoir jamais vu un rayon de soleil et transporté de façon barbare en camion pour l’abattage, ils ne disent que l’essentiel, veau, porc, ils savent que les détails sont trompeurs, c’est pourquoi ceux-ci ne les intéressent pas.

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Choro

Posté : 18 janvier, 2010 @ 1:56 dans - époque contemporaine, musique et chansons | Pas de commentaires »

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Choro das Tres, choro de Ernesto Nazareth

 

La fête du choro, c’est le 23 avril… mais en ces temps de froidure et de grisaille, un peu de gaieté ne fait pas de mal, non ?

 

Si ça vous plaît …

Le choro est une musique populaire instrumentale brésilienne née à Rio de Janeiro dont les origines remontent à la seconde moitié du XIXème siècle, et qui continue à être jouée aujourd’hui, non seulement dans sa ville natale mais aussi dans toutes les grandes villes du Brésil. En tant que style musical national, le choro est antérieur au samba et à la bossa nova, dont il est l’une des sources. C’est une musique magnifique, éblouissante, d’une richesse exceptionnelle et d’une importance esthétique aussi considérable que celle du jazz, du flamenco, du tango et des autres grandes expressions de la musique populaire qui s’épanouissent et s’enrichissent depuis la fin du XIXème siècle.

Dialogue intérieur

Posté : 17 janvier, 2010 @ 8:12 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 4 commentaires »

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Hiver

C’est Gabirou qui se met à parler sans rime ni raison. Un homme absurde. Des yeux magnétiques de crapaud. C’est une partie de mon être que j’abomine, c’est la seule partie de mon être qui m’intéresse. Quelquefois il me met de la sève dans les nerfs. Il parle quand je l’attends le moins. Si je l’appelle, il ne se présente pas. Si je veux être pratique, il gesticule dans sa veste hérissée : – L’âme ! L’âme ! Singulier philosophe ! Il est capable de désirer la mort pour voir ce qu’il y a dedans ; il est capable de trouver vulgaires même les choses éternelles. A côté de la vie il construit une autre vie. Il rêve, et ses rêves sont toujours irréalisables, ils se transforment dans ses mains en argile informe. Tout le monde se moque – il est encore en train de rêver… Pour lui la vie consiste, recroquevillé et transi, à s’imbiber dans le rêve, à se défaire dans le rêve, à s’embourber dans le rêve. Pendant des mois entiers personne ne peut lui arracher un mot, pendant des jours entiers je l’entends monologuer au fond de moi. Il ignore toutes les réalités pratiques. Dans l’arbre il voit l’âme de l’arbre, dans la pierre l’âme de la pierre. Il déforme tout. Il met la main et il mouille. Il déteint le rêve…

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Tomás Martins

Posté : 13 janvier, 2010 @ 8:00 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Si vous entriez dans l‘église de Monsaraz, celle qui contient l’oracle de notre dame de la lagune, vous verriez dans une des nefs latérales le tombeau de tomás martins ; ce tomás martins était le favori de dame béatrice, qui fut la dame du roi alphonse, troisième du nom. Et ce fut ce tomás martins qui, en ce temps-là – plus de trois cents ans avant celui d’où je vous parle – amena dans les environs de la ville de nouveaux habitants, et fit venir dans nos murs une population – lasse et fatiguée des guerres de frontières et des luttes entre ledit seigneur roi et son frère, le roi sanche, deuxième du nom – plus nombreuse que celle qui y vivait auparavant.
Mais – c’est ainsi qu’est l’ingratitude des hommes et la faiblesse de la mémoire – si ce dit tomás martins avait fait plus encore, on l’aurait oublié avec autant de célérité. Peut-être parce qu’il en était conscient, et qu’il voulait laisser de son passage dans ce monde un digne témoignage, ledit favori ordonna que son corps fût enfermé dans le tombeau devant lequel vous vous imaginerez maintenant. En l’observant, vous verrez le gisant de pierre du chevalier couché dessus, la tête sur un coussin et son épée collée au côté. Taillés dans la pierre, les vêtements qui le couvrent se plissent, même si tous les vents du monde ne parviendraient pas à en soulever un seul pouce. Regardez à présent ce que la main des maîtres maçons a sculpté à côté du tombeau. Sur le côté le plus long, vous verrez quatorze hommes et trois enfants qui se tiennent devant vous, deux d’entre eux tenant les tables de la loi ; un autre tient un blason avec trois clefs en pale. Mais tous ceux-ci importent peu, car ce que je veux que vous voyiez est ce qui est sculpté sur le plus petit côté du tombeau, aux pieds. Ici, en aiguisant votre regard, vous verrez un cavalier à cheval avec son chien qui le suit ; et de ses mains s’envole un faucon. Gardez cette image du faucon sortant de la main gantée du cavalier, car, si vous le faites, ma mission sera alors accomplie et le tombeau de tomás martins, le favori oublié, aura eu une utilité insoupçonnée.

Sérgio Luís de Carvalho, As horas de Monsaraz, Campo das letras, 1997

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Berimbau

Posté : 5 janvier, 2010 @ 12:51 dans - époque contemporaine, musique et chansons | Pas de commentaires »

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Baden Powell e Vinicius de Moraes, Berimbau

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