la pluie, toujours…
Il pleut beaucoup, plus, toujours plus… On dirait que quelque chose va s’abattre sur l’extérieur sombre…
[...] Où que se porte mon regard, tout est couleur de pluie, noir pâle.
J’ai des sensations étranges, toute froides. Il me semble que l’essentiel du paysage est brume et que les maisons sont la brume qui le voilent.
Une sorte de pré-névrose de ce que je serai quand je ne serai plus me glace le corps et l’âme. Une espèce de souvenir de ma mort future me fait frissonner de l’intérieur. Dans un brouillard d’intuition, je me sens matière morte, tombée avec la pluie, gémie par le vent. Et le froid de ce que je ne sentirai pas mord mon cœur d’aujourd’hui.
Fernando Pessoa, O livro do desassossego.