grand regret
*
Luzia Sanchéz, vous avez grand manque
de moi, qui ne baise pas une miette,
puisque si je vous baise, Dieu m’aide,
je suis malade depuis trois jours.
Par Dieu, Luzia Sanchéz, Dona Luzia,
si je le pouvais, je vous baiserais.
Je vous vois allongée, pleine de désir,
Luzia Sanchéz, parce que je ne baise pas ;
si je pouvais vous satisfaire,
hélas je ne le peux ! je le ferais.
Par Dieu, Luzia Sanchéz, Dona Luzia,
si je le pouvais, je vous baiserais.
Dieu m’a donné cette pine captive
qui ne peut déjà plus cracher de sève
et qui paraît bien plus morte que vive,
si sa maison brûlait, pas moyen qu’elle se lève.
Par Dieu, Luzia Sanchéz, Dona Luzia,
si je le pouvais, je vous baiserais.
Avec moi mes péchés se sont couchés.
Ayez pitié de mes si durs malheurs,
et de mes couillons, qui sont très enflés,
qui sont trop souffrants pour baiser.
Par Dieu, Luzia Sanchéz, Dona Luzia,
si je le pouvais, je vous baiserais.
João Soares Coelho (c. 1200 + c. 1280)
Troubadour portugais d’ascendance noble, il écrivit entre 1248 et 1280. Après avoir participé à la conquête de l’Algarve, il occupa d’importantes charges politiques et administratives à la Cour de D. Afonso III, puis de D. Dinis, lui-même troubadour.
Ses texte, 52 en tout, sont répartis comme suit: 21 chansons d’amour, 15 chansons d’ami, deux satires littéraires, un sirventês, 8 chansons de moquerie ou de médisance, et 5 « tensions ». Son style très personnel révèle une constante préoccupation d’ordre littéraire, que l’on peut voir dans la richesse de ses figures réthoriques et leur expressivité. Une de ses innovations thématiques – chanter l’amour d’une nourrice – provoqua une polémique parmi les troubadours et les jongleurs de la Cour l’Afonso X, roi de Léon et Castille, ponctuée d’allusions burlesques et de plaisanteries, mais également de censures sévères.
6 commentaires »
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L’illustration est tellement innocente, tendre et mignonne ! Poésie poignante et trop drôle, ils doivent vraiment souffrir, tous les deux !
L’illustration, je l’ai choisie pour atténuer un peu les propos… qui étaient courants à l’époque, chez les troubadours, mais qui ont du mal à passer même maintenant, dans les histoires de la littérature.:-)
Brulant et très beau !
J’ai beaucoup aimé. C’est vous qui avez fait la traduction ?
Cela se pourrait bien… Question d’habitude…
AARRGGGG c’est si beau la poésie…
N’est-ce pas ?