Nightmare
La Cavale Indomptable, Debat-Ponson, fin du dix-neuvième.
- C’était, à peu près, à l’époque où le Vatican a annoncé qu’à partir de 2012 la langue officielle de l’Enfer serait l’anglais. Il faisait nuit et je montais une jument.
- Ne me décrivez pas de couleurs, de voix, de silences, de chemins. Allez droit à l’histoire.
- En chemin j’ai rencontré la carcasse blanche d’une histoire et à mesure que j’avançais la jument rétrécissait, rétrécissait, jusqu’à ce que je m’aperçoive que je marchais sur mes propres pieds. Non, je regardais le lever de la lune. Non, non. C’était une lampe qui a fait disparaître la jument nocturne.
Ce jour-là j’avais tué une jeune vipère, après une douloureuse hésitation. Ce serpent pourrait tuer un rêveur adulte, peut-être un célèbre scientifique ou philosophe chrétien ou même un enfant innocent, capable d’admirer l’animal le plus répugnant que la belle et fière Nature a créé. Heureusement, le côté humain l’a emporté en moi. Ne serait-ce pas le fantôme de l’animal, anciennement sacré ?
Des fantômes, j’en avais vu partout, même lors de mes observations à la loupe quand la minéralogie était mon passe-temps.
Mais bien sûr, je connais bien cette silhouette. Ce ne peut-être que lui – le fantôme du ministre de la Ville. Je me suis penché en avant sans faire un pas, pour ne pas dépasser la limite minimum de distance à laquelle les fantômes disparaissent sans crier gare. Non, ce n’était pas lui…
[...]
Dimíter Ánguelov , Longe da espécie, inédit
2 commentaires »
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Nightmare, c’est pas très Lusophone Je plaisante, merci bcp de ce très bel extrait !
Non, ce n’est pas très lusophone, mais… c’était à l’époque où la langue officielle de l’Enfer était l’anglais… et « nightmare » (cauchemar), c’est littéralement « la jument de nuit », donc le titre s’imposait…: -) (c’est un jeu de mot, en fait, « mare » veut aussi dire « fantôme, spectre ».)