un fantôme
(Photographie de l’auteur)
Mais bien sûr, je connais bien cette silhouette. Ce ne peut-être que lui – le fantôme du ministre de la ville. Je me suis penché en avant sans faire un pas, pour ne pas dépasser la limite minimum de distance à laquelle les fantômes disparaissent sans crier gare. Non, ce n’était pas lui.
Ça ne serait pas le fantôme du pape ? Comme ça, légèrement penché sur le côté. On voit nettement les contours de la mitre. Non. C’est à cause de la perspective. Sûr. Le pape n’est pas encore mort. Evidemment. On dirait plutôt un terroriste encagoulé. C’est ça. Mais quel travail bâclé! Immobilisé avec du papier collant – la tête et tout le torse – et attaché à un support de fer. Capturé et abandonné ? Mais tout ça est absurde. Une irresponsabilité, un crime. Ils sont tous pareils !
Il est possible que les fantômes existent, les âmes et autres choses inexplicables. Mais leurs ombres sont éternelles, sous toutes les perspectives. Pourquoi passer son temps à leur courir après ?
La résignation face à la portée limitée des sens m’a permis de voir clairement l’épouvantail dans toute sa splendeur, modestement vêtu, simplement pour agiter les esprits des passants. Je me suis approché sans appréhension ni répugnance, – c’était le distributeur de tickets du futur parking. Finalement, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat, ce n’étaient pas les Mystères de Paris ! …
Heureux le jour où je n’ai rien cherché et où je n’ai rien trouvé.
Dimíter Ánguelov, Longe da espécie, inédit.