Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour juin, 2010

Solo triste

Posté : 29 juin, 2010 @ 7:11 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 7 commentaires »

V. F. Cavarochurleur.jpg : Chien hurlant à la mort

Statue de V. F. Cavaroc

- Tu as déjà vu un soliste qui pleurait tout seul ?
- Un soliste non accompagné n’est pas un soliste, et il est encore moins seul. Un soliste tout seul ne peut rien faire, même pas pleurer. Il faut qu’il y ait quelqu’un qui l’écoute, et malgré ça… Quel soliste va se mettre à pleurer tout seul ? Pour quoi faire ? Pour s’émouvoir lui-même ? Un soliste qui s’émeut, même s’il est sincère dans sa plainte, personne ne lui fait confiance. Et puis, quand il est vraiment seul et qu’il essaie de pleurer, rien ne sort. Et il a envie de pleurer. Mais il ne peut pas. Et il ne peut pas parce que c’est inutile et qu’il le sait très bien.
- Assez. Peu importe. Hier j’ai entendu pleurer un chien et j’ai pensé aussitôt : « Un soliste parfait… ». Un artiste qui a surmonté la tristesse et la solitude, l’abandon et l’influence néfaste de la pleine lune. Ce n’était pas un hurlement. Je ne dis pas que c’était une lamentation ou un chant. C’était quelque chose de plus profond élevé à la perfection. Répétition ou première ? Cela ne pouvait pas être une première – puisque je l’avais déjà entendu plusieurs fois. Une répétition non plus, car on n’y atteint pas cette perfection, cette pureté et cette précision d’une voix qui s’adresse au cœur de la nature. De la Mère Nature ?

 

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passion lusitane

Posté : 28 juin, 2010 @ 7:32 dans musique et chansons | 4 commentaires »

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Dulce Pontes

Lusitana Paixao

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Visite au musée

Posté : 26 juin, 2010 @ 8:31 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

Visite au musée dans - époque contemporaine dimite14

Heure légale en suspension (Photo Dimíter Ánguelov)

- D’abord, je veux vous expliquer le symbolisme de la façade…
- Ce qu’on veut, c’est voir le temps de l’intérieur, quel casse-pieds ! dit quelqu’un d’un ton impatient et ennuyé.
A l’entrée le guide ôta son chapeau et dit : « Mesdames et Messieurs, dans quelle salle voulez-vous aller ? Celle des secondes, des minutes, des heures ou de l’éternité ?  »
Pendant un instant s’installa entre nous une sourde confusion. Pour nous perturber encore davantage il ajouta :
- Comme l’a dit le philosophe, personne ne peut entrer deux fois dans la même salle. Mais vous pouvez sortir par où vous voulez, si vous y arrivez…
Ses points de suspension résonnèrent avec un écho sinistre dans l’abîme de l’éternité. Il y eut un léger murmure, puis un silence glacé revint – des dizaines de masques attendaient la sentence finale et sans appel.
- C’est la fin ! soupira quelqu’un.
- Avec ta manie des musées ! C’est de ta faute. J’espère que c’est toi qui entreras la première dans le lac de feu.
- Dans le lac de l’éternité – rectifia la dame en foudroyant son mari du regard.
- C’est vraiment le musée du temps ? On ne dirait pas… Il existe vraiment quelque part ?
- S’il n’existe pas, nous aurons contribué à sa construction. Avant qu’il soit trop tard. Il nous suffit de sortir d’ici, dit un enthousiaste, gagné par la panique, comme possédé par l’espoir. Il chercha du regard l’assentiment des autres et, n’en trouvant aucun signe, il dit :
- Si Monsieur le guide nous laisse sortir…

Dimíter Ánguelov, in « Le musée du temps », inédit

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match amical

Posté : 25 juin, 2010 @ 4:01 dans - époque contemporaine, vidéos documentaires | Pas de commentaires »

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Aujourd’hui, c’est le vrai match… 0 à 0 à la mi-temps… 

tradition

Posté : 22 juin, 2010 @ 6:54 dans - époque contemporaine, musique et chansons, vidéos documentaires | 5 commentaires »

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Gabriela Mendes (Cap vert),  Tradição

Paroles et musique : Tibau Tavares, arrangements Rufino Almeida, dit « Bau »

 

Ne laissons jamais notre pays aussi longtemps
Retournons-y souvent
Nous allons loin
Pour chercher une vie meilleure
Mais vivre, c’est dans notre pays
Ce pays de pêcheurs et d’agriculteurs
De maïs dans le mortier, morna à la bouche
Sandales au pied,l’âne et son fagot.Trois pierres pour tenir la marmite
Si notre pays est pauvre, nous nous consolons
La joie d’autrui ne nous trompe pas
Nous n’en avons pas et nous l’avons compris
Nous si aimables qu’on ne nous dirait pas pauvres.
A, ia, ia, ie
A, ia, ia

José Saramago et la mort

Posté : 21 juin, 2010 @ 6:13 dans - époque contemporaine, littérature et culture, vidéos documentaires | Pas de commentaires »

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- Comment voyez-vous votre avenir ?

- J’ai 84 ans, je peux vivre encore trois ou quatre, ou cinq ans…

- La mort ne vous fait pas peur ?

- Non, non, non. Le pire que je voie est que… avant, on existait, et après on n’existe plus. Une autre façon de dire la même chose que ma grand-mère, alors qu’elle devait déjà être fatiguée de vivre : « le monde est si beau que ça me fait beaucoup de peine de mourir. » Ce n’est pas de mourir qui lui faisait de la peine, c’était de ne plus exister, dans l’avenir, pour continuer à voir ce monde qu’elle trouvait si beau.

Laissons parler le romancier :

 

« La mort sait tout de ce qui nous concerne, et c’est peut-être pour cela qu’elle est triste. S’il est sûr qu’elle ne sourit jamais, c’est seulement parce qu’elle n’a pas de lèvres, et cette leçon d’anatomie nous dit que, contrairement à ce que pensent les vivants, le sourire n’est pas une question de dents. Certains disent, avec un humour moins macabre que de mauvais goût, qu’elle a finalement une sorte de sourire permanent, mais ce n’est pas vrai, ce qu’elle montre est une grimace de souffrance, parce que le souvenir du temps où elle avait une bouche, et sa bouche une langue, et sa langue de la salive, la poursuit continuellement. »

(Extrait de Les intermittences de la mort, Seuil, janvier 2008.)

 

José Saramago, prix Nobel de littérature 1998, est mort à Lanzarote (Canaries) le 18 juin 2010

 

 

braconnage

Posté : 17 juin, 2010 @ 7:05 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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lphant2.jpg

 

Les trois amis ressemblent à des statues, confondus depuis plusieurs heures avec les arbres tordus, immobiles et patients comme eux. Et à mesure que l’obscurité se retire, dans ce moment gris où la lumière et les couleurs ne se voient pas encore, un décor splendide apparaît peu à peu. Au milieu, fouillant dans la boue (la seule humidité sur des kilomètres, si nous exceptons les petites particules qui vont sécher bientôt à l’intérieur, avec la chaleur du soleil) un couple d’immenses éléphants doublement gris, gris de boue et de leur propre peau épaisse. Plus loin, patientes, quelques gazelles attendent que les énormes bêtes se fatiguent du jeu pour pouvoir elles aussi bénéficier de ce mirage de paradis. Les éléphants sont insouciants, confiants dans leur propre force et dans l’air limpide qui ne leur apporte rien d’autre que l’odeur des gazelles impatientes. S’ils avaient fait plus attention ils auraient vu luire, un court instant, le canon de l’arme de Suzé Mantia faisant signe à ses compagnons. Insouciants comme ils sont, ce ne sont même pas des adversaires mais seulement deux monstres boueux d’où sortent deux énormes et belles paires de défenses d’ivoire.
- Pan ! Le tir de Mantia est sûr, il déchire l’air avec un sifflement aigu et abat le mâle d’un coup. Le femelle voit son compagnon surpris suspendre ses gestes avant de tomber pesamment sur ses quatre pattes désarticulées, muet et mort. Elle émet alors un hurlement prolongé qui fait trembler la terre et étouffe complètement les tirs de João et William (Pan ! Pan ! ), qui lui sont destinés. Ceux-ci n’ont pas été fatals et ont redoublé sa rage face à une audace qu’elle ignore, qui la prive de son compagnon et interrompt son bain.

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complexité

Posté : 15 juin, 2010 @ 6:08 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 3 commentaires »

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*

Le chat n’était plus là. C’était, de toutes les possibilités, celle que j’aurais considérée comme la plus improbable. Et même, vu la surprise que j’éprouvais de ne pas le trouver dans ce cadre bleu ciel intense, qui semblait ne pas m’être venue à l’idée. J’ai parcouru des yeux, incrédule, les quatre coins de la piscine vide comme si ce n’était pas une absurdité totale, comme s’il pouvait exister un autre recoin accessible à la surprise, au malentendu, pour ne pas tout voir du premier coup d’œil, dans ce trou de douze mètres sur cinq, et cent douze centimètres dans la partie la moins profonde. Le félin avait été là. Je l’avais vu y entrer. Il y avait d’autres données devant mes yeux qui me le confirmaient, bien que je sois déconcerté par le fait qu’il y ait là encore de la vie, bien plus proche de la mort cependant.
L’automne arrivait. Depuis des semaines il n’y avait plus d’eau dans le bassin, dont le fond était parsemé d’une douzaine de feuilles mortes. Et depuis un peu plus d’une semaine, j’y avais découvert le cadavre d’un rat. Deux jours plus tôt, j’avais constaté la présence d’un autre, engagé dans une fuite désespérée et sans issue d’un côté à l’autre de ce piège mortel. J’ai pensé qu’il mourrait vite. Et j’ai résisté comme j’ai pu à l’idée de descendre pour le sauver. Mon cœur me le demandait. Je le voyais comme un être sans défense, terrorisé… je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas faire pour lui ce que j’avais fait tant de fois pour des hérissons et même un jour pour un chien. Mais il portait les stigmates des bulbes rongés dans le jardin, d’incursions insoupçonnées dans la cave, de quelques livres anciens grignotés dans le grenier… et s’il me mordait pendant que j’essayais de m’approcher ? J’aurais tout donné pour voir arriver une buse. Mais il n’était pas dit que quelqu’un s’aventure au fond de la piscine, aussi sec soit-il.

Tucho Calvo, « O gato », in Corazón entre desertos, ed. Ir Indo, Vigo, 2002 (traduit du galicien)

(La langue locale de la Galice est le galicien, une langue très proche du portugais, qui peut être aisément comprise, à l’écrit comme à l’oral, par le locuteurs du portugais, que ce soit du Portugal ou du Brésil. Le galicien appartient au sous-groupe linguistique galégo-portugais (ou galégo-luso-brésilien) de l’ibéro-roman. Jusqu’au XIIIe siècle, le galicien et le portugais constituaient la même langue. Ce n’est que vers 1500 que l’on a commencé à distinguer le galicien du portugais.

Au point de vue historique, le portugais est issu du galicien, et les deux langues, qui sont demeurées relativement proches l’une de l’autre. On estime qu’environ 85 % du vocabulaire des deux langues est commun. Néanmoins, les deux langues ont évolué de manière plus ou moins différente entre le Portugal et l’Espagne. En dehors de la Galice, le galicien est parlé dans d’autres régions autonomes — qu’on appelle la Franxa Exterior («frange extérieure») — comme les Asturies (50 000), la Castille-et-Léon (15 000) et l’Extremadura (5000).

 

( http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/europe/espagnegalice.htm )

 

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