Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

complexité

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 15 juin, 2010 @ 6:08

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Le chat n’était plus là. C’était, de toutes les possibilités, celle que j’aurais considérée comme la plus improbable. Et même, vu la surprise que j’éprouvais de ne pas le trouver dans ce cadre bleu ciel intense, qui semblait ne pas m’être venue à l’idée. J’ai parcouru des yeux, incrédule, les quatre coins de la piscine vide comme si ce n’était pas une absurdité totale, comme s’il pouvait exister un autre recoin accessible à la surprise, au malentendu, pour ne pas tout voir du premier coup d’œil, dans ce trou de douze mètres sur cinq, et cent douze centimètres dans la partie la moins profonde. Le félin avait été là. Je l’avais vu y entrer. Il y avait d’autres données devant mes yeux qui me le confirmaient, bien que je sois déconcerté par le fait qu’il y ait là encore de la vie, bien plus proche de la mort cependant.
L’automne arrivait. Depuis des semaines il n’y avait plus d’eau dans le bassin, dont le fond était parsemé d’une douzaine de feuilles mortes. Et depuis un peu plus d’une semaine, j’y avais découvert le cadavre d’un rat. Deux jours plus tôt, j’avais constaté la présence d’un autre, engagé dans une fuite désespérée et sans issue d’un côté à l’autre de ce piège mortel. J’ai pensé qu’il mourrait vite. Et j’ai résisté comme j’ai pu à l’idée de descendre pour le sauver. Mon cœur me le demandait. Je le voyais comme un être sans défense, terrorisé… je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas faire pour lui ce que j’avais fait tant de fois pour des hérissons et même un jour pour un chien. Mais il portait les stigmates des bulbes rongés dans le jardin, d’incursions insoupçonnées dans la cave, de quelques livres anciens grignotés dans le grenier… et s’il me mordait pendant que j’essayais de m’approcher ? J’aurais tout donné pour voir arriver une buse. Mais il n’était pas dit que quelqu’un s’aventure au fond de la piscine, aussi sec soit-il.

Tucho Calvo, « O gato », in Corazón entre desertos, ed. Ir Indo, Vigo, 2002 (traduit du galicien)

(La langue locale de la Galice est le galicien, une langue très proche du portugais, qui peut être aisément comprise, à l’écrit comme à l’oral, par le locuteurs du portugais, que ce soit du Portugal ou du Brésil. Le galicien appartient au sous-groupe linguistique galégo-portugais (ou galégo-luso-brésilien) de l’ibéro-roman. Jusqu’au XIIIe siècle, le galicien et le portugais constituaient la même langue. Ce n’est que vers 1500 que l’on a commencé à distinguer le galicien du portugais.

Au point de vue historique, le portugais est issu du galicien, et les deux langues, qui sont demeurées relativement proches l’une de l’autre. On estime qu’environ 85 % du vocabulaire des deux langues est commun. Néanmoins, les deux langues ont évolué de manière plus ou moins différente entre le Portugal et l’Espagne. En dehors de la Galice, le galicien est parlé dans d’autres régions autonomes — qu’on appelle la Franxa Exterior («frange extérieure») — comme les Asturies (50 000), la Castille-et-Léon (15 000) et l’Extremadura (5000).

 

( http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/europe/espagnegalice.htm )

 

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3 commentaires »

  1. Zoia Schvartz dit :

    Estranho familiar…Ventura desejada por uns em contraponto com a realidade, aventura que desemboca em tragédia, angústia de quem tudo assiste sem nada a fazer…ÓTIMO ritmo do texto que acaba por nos transformar no pequeno roedor em apuros! Abços felinos(aposto que estava lá)

  2. lusina dit :

    Non, je n’y étais pas ! Moi, je n’aurais pas hésité à sauver le rat. Il me fait trop de peine.

  3. Lali dit :

    En plus, la source est chez nous! Jolie surprise!

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