Solo triste
V. F. Cavaroc : Chien hurlant à la mort
Statue de V. F. Cavaroc
- Tu as déjà vu un soliste qui pleurait tout seul ?
- Un soliste non accompagné n’est pas un soliste, et il est encore moins seul. Un soliste tout seul ne peut rien faire, même pas pleurer. Il faut qu’il y ait quelqu’un qui l’écoute, et malgré ça… Quel soliste va se mettre à pleurer tout seul ? Pour quoi faire ? Pour s’émouvoir lui-même ? Un soliste qui s’émeut, même s’il est sincère dans sa plainte, personne ne lui fait confiance. Et puis, quand il est vraiment seul et qu’il essaie de pleurer, rien ne sort. Et il a envie de pleurer. Mais il ne peut pas. Et il ne peut pas parce que c’est inutile et qu’il le sait très bien.
- Assez. Peu importe. Hier j’ai entendu pleurer un chien et j’ai pensé aussitôt : « Un soliste parfait… ». Un artiste qui a surmonté la tristesse et la solitude, l’abandon et l’influence néfaste de la pleine lune. Ce n’était pas un hurlement. Je ne dis pas que c’était une lamentation ou un chant. C’était quelque chose de plus profond élevé à la perfection. Répétition ou première ? Cela ne pouvait pas être une première – puisque je l’avais déjà entendu plusieurs fois. Une répétition non plus, car on n’y atteint pas cette perfection, cette pureté et cette précision d’une voix qui s’adresse au cœur de la nature. De la Mère Nature ?
Une mère qui l’a abandonné avant le sevrage ? Aussi grande que le firmament où il cherche en vain à rencontrer son regard. Alors il penche la tête vers la terre, et il pleure longuement en direction du lieu le plus profond, et il écoute, il écoute jusqu’à ce qu’il se perde dans son fragile souvenir. Et de nouveau il hurle et soudain un faible souvenir de son propre hurlement lui semble une réponse, un écho. Un écho si proche qu’il se met à se tordre le cou et à se déplacer pour trouver l’impossible lieu qui lui échappe. L’espérance transforme cette agonie en rage, et la rage en une invisible chaîne, en une frayeur, en une terreur de laquelle ne peuvent le tirer de manière inespérée qu’un chat ou un humain. Mais il y a de longues heures d’agonies pendant lesquelles les chats et les hommes n’apparaissent pas, n’entendent pas. Ou n’entendent que le hurlement de leur propre agonie. Peut-être que c’est seulement dans cette absence qu’il n’existe pas de différence entre les espèces, et peut-être que la Mère Nature ne se décide pas à protéger ou abandonner qui que ce soit.
Dimíter Ánguelov, Trinta contos até ao fim da vida, &etc, 1998
7 commentaires »
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Se por acaso tiver noticias do Dimiter Anguelov agradecia que me dissesse. Como nunca mais vi trabalhos dele publicados depois de 2001, comecei a ficar preocupada. Durante anos fomos amigos e eu apesar de já não o ver à uns dez anos ainda sou sua amiga.
A única coisa que pretendo é saber se ele está bem.
Emília
OLà Emilia,
O Dimiter està bem, nao tenho aqui a morada dele mas posso encontrar facilmente, com o numero de telefone.
Mando-te isso por email. amanhâ, porque hoje é muito tarde
Um abraço
lusina
BONJOUR
VOTRE BLOG EST UN PARADIS…TERRESTRE..S’ENTEND.
iferhounene.unblog.fr
J’aime bien le vôtre aussi…
Merci de votre visite, à bientôt !
ce texte est magnifique de grandeur et de sensibilité . j’en ai les larmes aux yeux. Il me touche profondement .
bises
Dernière publication sur l'esprit des anges 2 : L' Amour est le lien que Dieu nous tend..........
Bises, Brigitte. Oui, Dimiter Anguelov est un virtuose de la langue et de la réflexion.
salut que se passe t il
y a t il maintenance sur le blog?