Lusopholie

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Archive pour le 1 juillet, 2010

le combat de taureaux

Posté : 1 juillet, 2010 @ 7:09 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 8 commentaires »


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Combat de taureaux (www.fcsolveira.info)


Aonia se leva et, jetant sur ses épaules un grand morceau d’étoffe, (car elle était encore en chemise), alla jusqu’à la terrasse et le vit qui regardait par là, mais, se voyant sur la terrasse, elle se souvint qu’elle n’était coiffée que d’un turban, comme à son lever, et, soit pour ne pas avoir l’air de venir de se lever, soit déjà pour paraître décente, elle se couvrit la tête d’une manche de sa chemise, et l’y laissa.

Sur ce, les vaches tout en paissant commencèrent à entourer le berger à l’endroit où il se trouvait, une sorte de petit tertre, et comme elles paissaient de ci, de là, arriva d’une autre manade un taureau énorme et terrible, qui meuglait et se jetait de temps en temps de la terre sur les flancs, et à d’autres moments, comme s’il voulait la manger, il secouait la tête d’un côté et de l’autre. Arrivant près des vaches, il se mit à lutter si férocement avec un des taureaux du berger que cela effrayait Aonia, même là où elle était le plus protégée d’eux. Tout en luttant férocement, ils arrivèrent à l’endroit où le berger se tenait, mais elle vit qu’il ne bougeait pas ni ne détournait son regard de l’endroit où elle regardait, il semblait plutôt, tranquille comme il était, qu’il ne les voyait pas, si ce n’est que ceci paraissait difficile à croire. Mais, quand elle vit avec certitude que les taureaux arrivaient sur lui, elle s’évanouit, et lorsqu’elle revint à elle, elle regarda et, avec la grande distance qui les séparait et comme les taureaux l’empêchaient de le voir lui, croyant qu’ils étaient en train de le piétiner, elle tomba de l’autre côté, comme morte.

Bernardim Ribeiro, Mémoires d’une jeune fille triste (Menina e Moça) Phébus, 2003

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