Plan
Je travaille le poème sur une hypothèse : l’amour
qu’on verse dans le verre de la vie, à moitié, comme si
on pouvait le boire d’un trait. Au fond,
comme la lie, il laisse un goût amer dans la
bouche. Je me demande où est la transparence du
verre, la pureté du liquide initial, l’énergie
de qui cherche à vider la carafe ; et la réponse
ce sont ces tessons où on se coupe les mains, la table
de l’âme souillée de restes, de mots épars
dans la lassitude des sentiments. Je reviens, alors, à la première
hypothèse. L’amour. Mais sans le dépenser tout d’un coup,
attendant que le temps emplisse le verre jusqu’en haut,
pour pouvoir le lever à la lumière de ton corps
et voir, à travers lui, ton visage entier.
Nuno Júdice,Teoria geral do sentimento, 1999.
6 commentaires »
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C’et très beau
Il faut bien toute une vie pour remplir un verre, mais lorsqu’il c’est rempli, il faut boire à prtite gorgées, pour que la vie ne soit pas à sec, la laissé couler comme une rivière , d’une eau limpide
« Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais plus la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissipe, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple qu’elle ait duré. Pareillement advient- il des hommes et des demeures qui sont en ce monde.
Kamo no Chômei (Japon)
C’est très beau aussi, Fati, merci !
Je ne me lasse pas de Nuno Júdice et cet extraite est vraiment magnifique!
Oui, Lali, c’est vraiment magnifique. Moi non plus, je ne m’en lasse pas.