Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Esbrouffe

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 20 septembre, 2010 @ 7:30

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Anhangüera, bandeirante célèbre, avait aussi été un charlatan. Il avait traversé le monde, de São Paulo à l’État de Goiás, au milieu des animaux, de la forêt et des maladies, recrutant de l’aide en chemin. Et ceux qui ne se laissaient pas recruter par la force ou le pouvoir de l’échange finissaient étendus morts sur les sentiers. « Je peux mettre le feu à l’eau », avait-il dit à un chef indigène naïf, et, prenant un récipient qui paraissait en contenir, il avait fait sa démonstration ; il avait gagné le respect des Indiens par le pouvoir de sa magie, et celui de ses compagnons par sa capacité à abuser de leur crédulité. Les Indiens, dans leur ignorance native, avaient sans doute fini par boire l’eau incendiée, et la baptiser « eau de feu ». Il ne s’était jamais enrichi, le bandeirante portugais, mais il avait porté l’Europe un peu plus profond dans la forêt vierge. Ou si l’on préférait, il avait poussé le peuple des arbres sous la lumière crue.
C’était à ça que pensait Vera, le lendemain, en observant sa statue. Avec un peu de feu et de conviction, on pouvait convaincre n’importe qui. C’était une telle évidence pour elle qu’elle ne remarqua même pas le Palais des Émeraudes, qui se trouvait devant elle.

 

Possidónio Cachapa, Rio da Glória, Oficina do livro, 2006

Bartolomeu Bueno da Silva, surnommé Anhangüera, “vieux diable” en tupi-guarani. (Les « bandeirantes » étaient des Portugais qui partaient au Brésil pour chasser les indigènes, coloniser leurs terres et s’approprier l’or.) C’est pour connaître l’emplacement des gisements du précieux métal qu’il fit croire aux Indiens qu’il allait mettre le feu à toutes leurs rivières en plongeant une allumette dans une bouteille pleine d’alcool à brûler.

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