le familier
Etendard utilisé dans les processions de l’Inquisition portugaise, montrant ses symboles et sa devise « miséricorde et justice » (http://www.ciadaescola.com.br/)
»Mais d’autres jours sont passés et nous avons su alors que cet autre parent avait été envoyé à l’autodafé. Et comme il n’avait rien avoué, pas même sous la torture, ils l’avaient jugé négatif et obstiné. Enfin, il est sans doute mort dans sa foi judaïque, parce que, s’il avait été innocent, il se serait dit coupable et repenti, pour échapper au bûcher.
- Et votre voisin et sa femme ?
- Ceux-là ont avoués être juifs. Ils sont revenus après plusieurs mois de prison ; elle portait l’habit des hérétiques, le san-benito. Mais pas lui, ce qui veut dire qu’elle avait mis plus de temps à avouer que ce qui convenait.
» Donc, en voyant cela nous le trouvons naturel, juste et même bon, car s’il y avait en eux des péchés qui méritaient d’être punis, alors pourquoi ne pas les punir ? Mais nous ne nous demandons jamais en quoi cela nous concerne. Nous ne nous demandons jamais :
« Est-ce que par hasard nous méritons aussi d’être punis ? Est-ce que nous n’avons jamais commis aucun péché digne d’un digne châtiment ? »
» C’est pourquoi, je vous le dis : arrivés à ce stade, il n’y a qu’une solution qui consiste à tout avouer avant d’être mis à la torture. Ainsi on évite le chevalet et on sort libre à moindre coût, sans effort et sans douleur.
- Et quand on n’est pas coupable ?
L’homme de tavira le regarda, étonné.
- Ces histoires de fautes et d’innocence n’existent pas ici, à l’inquisition. Puisque nous sommes tous pécheurs depuis la naissance, les fautes nous apparaîtrons si nous les cherchons au plus profond de nous-mêmes.
C’était de cela qu’ils parlaient. [...] Pour ses questions l’autre avait toujours des réponses sûres, des réponses qui lui semblaient des conseils avisés, même si certaines d’entre elles répugnaient à son âme…