Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour janvier, 2011

le m’fiti

Posté : 28 janvier, 2011 @ 9:00 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Zambèze ( mocambique3.blogs.sapo.pt)

Ils furent, ceux qui arrivèrent jusqu’à cette nouvelle terre, emmenés sur la véranda du magasin de Mama Mère. Et sur le terre-plein devant, sous les arbres, ceux qui ne rentraient pas. La généreuse femme ordonna que soit distribué du thé chaud pour tous, car elle ne pourrait pas donner grand chose de plus sans l’aide du gouvernement. Et ces survivants buvaient déjà en leur nouvelle qualité – celle de réfugiés – car paysans et pêcheurs, ils avaient cessé de l’être à partir du moment où ils avaient traversé le fleuve. Ce sont à présent des réfugiés et le propre des réfugiés c’est de remercier. Le propre des réfugiés, c’est de trembler de froid, de regarder autour d’eux en des quêtes successives, de pleurer de bonheur et de tristesse. Plus tard viendront les camions – une longue file bruyante – qui les emmèneront à Unkwini, le camp de réfugiés, où leur nouveau statut sera officialisé. Et il ne pourrait en être autrement car s’ils restaient tous à Feira, qui n’est qu’une bourgade, ils dépasseraient en nombre les habitants, la défigurant et brouillant sa géographie. Il n’est pas normal qu’une ville ait pour occupants les habitants d’une autre. Zumbo c’est Zumbo et Feira c’est Feira, et c’est ainsi que cela doit continuer à être malgré cette tragédie.

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Un peu de joie pure…

Posté : 25 janvier, 2011 @ 7:14 dans littérature et culture, musique et chansons, vidéos documentaires | 2 commentaires »

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Yamandu Costa,  Plauto Cruz,  Frank Solari

au théâtre Renascença de Porto Alegre (Brésil) en 2007

Extrait du film « Brasilheirinho » de Mika Kaurismäki,

dont voici la bande annonce:

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Levantou-s’a velida

Posté : 22 janvier, 2011 @ 7:40 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | Pas de commentaires »

 

Levantou-s'a velida dans - moyen âge/ XVIème siècle dinis210

Dom Dinis

Elle s’est levée la belle
elle s’est levée à l’aube
va laver des chemises
au large
va les laver bien blanc.

S’est levée la mignonne
elle s’est levée à l’aube
va laver des corsages
au large
va les laver bien blanc.

Va laver des chemises
elle s’est levée à l’aube
le vent les lui soulève
au large
va les laver bien blanc.

Va laver des corsages
elle s’est levée à l’aube
le vent les lui emporte
au large
va les laver bien blanc.

Le vent les lui soulève
elle s’est levée à l’aube
l’aube s’est énervée
au large
va les laver bien blanc.

Le vent les lui emporte
elle s’est levée à l’aube
l’aube s’est enragée
au large
va les laver bien blanc.

Dom Dinis, CV 172

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Exposition Zeca Afonso en France

Posté : 21 janvier, 2011 @ 10:58 dans - époque contemporaine, littérature et culture, musique et chansons | Pas de commentaires »

 

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Mémoire Vive/Memória Viva a le plaisir de vous informer qu’après le succès de l’événement qui a rendu hommage à José Afonso le mois d’octobre dernier, l’AJA(Associação José Afonso – Setúbal, Portugal) nous a confié l’exposition de photos de l’artiste pour qu’elle soit divulguée en France.
L’APCS (Association Portugaise Culturelle et Sociale) de Pontault-Combault accueillera déjà l’exposition du 24 janvier au 4 février 2011:
____________________________________________
José Afonso.
Troubadour, poète, chanteur, compositeur de musique militante qui a marqué l’univers musical portugais.
(avec la participation de Zélia Afonso)
Le vernissage de l’exposition aura lieu le 28 janvier 20h30 au siège de l’APCS. 62, av. Lucien Brunet, à Pontault-Combault – 77340 – Tél.: 0170104126.

Cantiga

Posté : 19 janvier, 2011 @ 6:25 dans - époque contemporaine, littérature et culture, Poesie | 4 commentaires »

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C’est par ton visage où passent les marées,
par tes lèvres où les mouettes volent,
par tes doigts où la lumière transparaît,
par tes yeux qui me tracent des routes,

que ce bateau trouve son chemin,
que ce jour découvre qu’il est encor temps,
que les paroles se boivent comme du vin,
et l’ardeur du feu n’est pas une souffrance.

C’est en ce que tu me dis dans les mots de la nuit,
en ce qui reste du matin que l’on oublie,
en ce que l’on dit dans tout ce que l’on tait,
sans pour autant le dire au lever du jour.

Peut-être est-ce l’amour si souvent éprouvé,
ou seulement celui qui vit dans mon cœur,
peut-être est-ce ce que je croyais avoir oublié,
et qui revient à présent par ta main.

Combien de fois déjà arriva le printemps,
combien de fois les fleurs tout aussitôt moururent :
jusqu’au jour où rien ne fut plus comme avant,
et où toutes les feuilles mortes reverdirent.

Nuno Júdice, A à Z, 18 mai 2007

Nuno Júdice est né le 29 avril 1949 à Mexilhoeira Grande (Algarve). Il est professeur en Littérature Comparée à la Faculté de Sciences Sociales et Humaines de l’Université Nouvelle de Lisbonne. Entre fin 1997 et début 2004 il a été Conseiller Culturel à l’Ambassade du Portugal à Paris, où il a dirigé le Centre Culturel de l’Institut Camões.Il a publié des livres de poésie, des essais, des romans.Il est traduit en plusieurs pays, et en France son recueil Un chant dans l’épaisseur du temps est paru dans la collection Poésie/Gallimard. Son roman Traces d’ombres est paru dans les Editions Metailié et L’Ange de la tempête chez La Différence. D’autres livres sont publiés chez Fata Morgana (Lignes d’Eau, Pedro évoquant Inès, Source de vie), Editions Chandeigne (Jeu de reflets), L’Escampette (Les Degrés du regard) et Le Taillis Pré (La Condescendance de l’être et Le Mouvement du monde).

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Immortels

Posté : 18 janvier, 2011 @ 7:09 dans - époque contemporaine, musique et chansons, Poesie | Pas de commentaires »

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Mafalda Veiga, Quero-te tanto

 

Même si la vie nous attrape comme ça 

change nos plans sans rien demander

sans chercher à quoi elle a droit

en se moquant du mal qu’elle nous fait,

je sais que nous sommes immortels

si nous ne regardons au fond des yeux

si mon chemin est là où tu vas

emplir de lumière mes espaces absents

 

C’est que je t’aime tant

que ne saurais pas faire autrement…

l’embuscade

Posté : 17 janvier, 2011 @ 7:12 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 1 commentaire »

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Méditation des arbres (http://anomalias.weblog.com)

Sur les bas-côtés, des voitures aux roues en l’air, criblées de balles ou carbonisées, n’étaient pas à proprement parler le meilleur paysage pour susciter le courage de ceux qui s’aventuraient par là, même en groupe et sous protection armée. Mais comme, en dépit de tout, ils étaient encore plus têtus que peureux, ils avaient décidé de partir quand même, parce que la vie ne pouvait s’arrêter. Et, s’ils parvenaient à être les premiers à vaincre le parcours menaçant, leurs curriculums de braves et de vaillants, de même que leurs affaires, en seraient substantiellement enrichis. Le premier camion à s’envoler ne fut pas le premier, mais le troisième, par une imprudence quelconque que jusqu’à aujourd’hui personne ne s’est donné la peine d’analyser. Dans le rétroviseur, le chauffeur de tête vit les dizaines de personnes de tous les âges qui s’y entassaient (plus les paniers, les sacs, les ballots, les cartons, les paquets, les animaux d’élevage ou de simple compagnie) voler dans tous les sens dans un tonnerre de fumée et de feu, quelques-uns restant grotesquement suspendus aux branches des arbres qui bordaient l’un des côtés de la route. Il ne savait pas encore s’il devait s’arrêter ou continuer, lorsque du maquis voisin des dizaines d’armes automatiques lui aboyèrent la certitude qu’il n’y aurait pas de survivants. Il accéléra donc, fuyant en avant. Une seule balle troua la tôle fragile de sa cabine, lui transperçant la poitrine. Avec lui sur le point de mourir à tout instant, le camion dépourvu de guide fut détourné vers une berge qu’il descendit. Plus il allait vite, plus le volant s’approchait lentement, lui abritant la tête avec un soin tout maternel. A une distance de mille brouillards les arbres se profilèrent tous, compréhensifs, attendant le choc, connaissant les futures racines et les futurs troncs que nous serons tous un jour, nous aussi.

José Mena Abrantes (Angola), Caminhos des-encantados, Caminho, 2000

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Un hérault noir

Posté : 15 janvier, 2011 @ 12:23 dans - époque contemporaine, littérature et culture, Poesie | Pas de commentaires »

Un hérault noir dans - époque contemporaine

 Image cover © Emily Richardson 2008

(Still from the film Cobra Mist)

Design: Sandrine Duvillier.

 

Pour les habitués de ce blog qui apprécient les textes de l’auteur angolais José Mena Abrantes, je signale la parution de la revue bilingue The Black Herald, de Blandine Longre et Paul Stubb, où ils pourront retrouver deux des textes de cet écrivain dans leur version originale et leur traduction française.

Comme on peut le voir, le bilan de ces transmutations régulières était franchement positif et leur conférait même le statut littéraire (qu’ils ignoraient bien évidemment) d’êtres d’une insoutenable légèreté. Pour eux, pourtant, rien n’avait plus de valeur dans cette périodique abstraction d’eux-mêmes que la garantie illimitée de pouvoir rendre plus dense le bleu du ciel, d’influencer l’effilochage des nuages ou de réguler la circulation des brises qui leur rendaient le secret orgueil de jouer enfin un rôle irremplaçable dans la construction de la beauté et de l’éclat de ce monde si merveilleux qui est le nôtre.

(Extrait de « Brises »)

Pour se procurer la revue

 dans littérature et culture

 

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