le m’fiti
Zambèze ( mocambique3.blogs.sapo.pt)
Ils furent, ceux qui arrivèrent jusqu’à cette nouvelle terre, emmenés sur la véranda du magasin de Mama Mère. Et sur le terre-plein devant, sous les arbres, ceux qui ne rentraient pas. La généreuse femme ordonna que soit distribué du thé chaud pour tous, car elle ne pourrait pas donner grand chose de plus sans l’aide du gouvernement. Et ces survivants buvaient déjà en leur nouvelle qualité – celle de réfugiés – car paysans et pêcheurs, ils avaient cessé de l’être à partir du moment où ils avaient traversé le fleuve. Ce sont à présent des réfugiés et le propre des réfugiés c’est de remercier. Le propre des réfugiés, c’est de trembler de froid, de regarder autour d’eux en des quêtes successives, de pleurer de bonheur et de tristesse. Plus tard viendront les camions – une longue file bruyante – qui les emmèneront à Unkwini, le camp de réfugiés, où leur nouveau statut sera officialisé. Et il ne pourrait en être autrement car s’ils restaient tous à Feira, qui n’est qu’une bourgade, ils dépasseraient en nombre les habitants, la défigurant et brouillant sa géographie. Il n’est pas normal qu’une ville ait pour occupants les habitants d’une autre. Zumbo c’est Zumbo et Feira c’est Feira, et c’est ainsi que cela doit continuer à être malgré cette tragédie.