Nuit blanche
Dans un siècle passé, j’ai épié le temps
par la brèche de la nuit. Il y avait un mouchoir
où demeuraient les larmes
de la veille; il y avait un collier au cou
de la mémoire; il y avait un nœud serré
par les doigts du matin. Dans un siècle
passé j’ai parlé aux murs, entendant
les voix qui me répondaient depuis
l’autre côté. C’étaient des ombres qui
se réfugiaient au coin d’un corridor;
c’étaient des bras qui se levaient de
derrière les rideaux; c’étaient des ombres
penchées sur l’écho d’un sofa. Dans un
siècle passé j’ai essuyé la poussière des âges,
et j’ai vu les larmes sécher sur le mouchoir, le collier
tomber sur ta robe, le ruban qui se desserrait
par la force du désir, comme si les ombres
avaient disparu autour de toi,
et que les fleurs renaissaient de tes mains.
Nuno Júdice, A a Z, 16 mai 2007
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