réalisme

Il tremblait entièrement – je ne sais si c’était de peur ou de surprise. Je lui tendis un livre et je cherchai à le calmer :
- Appuie-toi sur cette prose, elle est plus solide.
Mais il n’entendit pas et poursuivit :
- Ce chien était un rêve en chair et en os, non, un chien basé sur des faits réels.
- Il bougeait ? Il était vivant ?
- Pour bouger, il bougeait. Il a même essayé de me mordre. Mais ça ne voulait pas dire qu’il était vivant. « Basé sur des faits réels », c’est comme ça qu’ils me l’ont présenté.
- Alors c’est évident qu’un chien quelconque, pardon, quelqu’un a tiré ce chien d’une fiction, d’un roman ou d’une simple nouvelle.
- Non, ça non. Il s’en est fallu d’un cheveu qu’il ne me morde.
- C’est ça – ces chiens, ces prosateurs, dis-je, créent des chiens plus féroces que les professionnels et ils nous les lâchent dessus sans prévenir et sans le moindre sens des responsabilités. Et il flairait, il examinait l’atmosphère ?
- Non, ces chiens-là suivent une autre méthode, ils sont tout ouie, ils suivent la voix de leur maître, de leur créateur.
- De Notre Seigneur ?
- Non, de leur seigneur à eux. C’était une voix de chien. Comme ça : … Je n’arrive pas à la reproduire. Qui est-ce qui peut reproduire un truc basé sur des faits réels ?
Ses poils se sont dressés, il a poussé un hurlement, il a avancé et il a essayé de me mordre, et il n’est pas arrivé à reproduire – ce n’était pas un chien en chair et en os mais seulement un chien en âme.
Je lui ai donné un coup de pied que je ne parviens pas à reproduire ici.
Dimíter Ánguelov, Partida incessante, Nova Ática, 2001








la vague
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c'est comme ces adieux lancés sur la route bitumée d'étoiles, vers laquelle on s'avance mélancoliquement humble avec dans les pensées cette paisible nonchalance qui illumine parfois nos visages, ' le cur du temps' vient caresser tes sens que c'en
est magistral, puis soudain il y a dans l'air atone des passages aphones que j'emprunte en apnée les doigts crispés sur le fil d'ariane tressé d'anémones, là dans les profondeurs abyssales des chants cétacés ma vague déferlante vient fracasser ton corps d'épousée.
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