Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

aurore

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 5 février, 2011 @ 12:06

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Photographie Michel Bacchetta

J’hésite un moment à jeter le cahier à l’eau ; mais quelqu’un me bouscule, en passant près de moi dans un groupe de gens pressés, ce qui m’oblige à le lâcher. Je le vois disparaître sur la surface noire du Tage, où les lumières se reflètent, emportant par le fond tout ce que j’ai écrit dans ce café où j’ai perdu Rosine. Je me sens soulagé, comme si j’avais jeté mon angoisse dans le fleuve et qu’elle se diluait dans le courant. J’ai la conscience pure, vierge de souvenirs et d’images. Isabelle, Rosine, la répétitrice de français, la petite amie de l’homme du golf, la fiancée, mon arrière-grand-oncle, Marta et José Cravo, tous ceux qui s’étaient rassemblés autour de moi s’envolent en fumée, eux aussi, dans cette nuit qui touche à sa fin, où la brume de l’aurore tombe sur le port, qui blanchit sous la première lueur du jour.

Nuno Júdice, L’ange de la tempête, La Différence, 2006

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