Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour février, 2011

Joyeux anniversaire

Posté : 13 février, 2011 @ 7:08 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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*

Jusqu’à ce que je suffoque, il a fallu aussi sept années. La huitième, je me suis reposée. L’anniversaire de mes huit ans a été une tragédie. Bien qu’ils aient tous été animés de la meilleure volonté, je ne me suis même pas amusée une minute. C’est tombé un dimanche de Pâques. Mon anniversaire m’a fait gaspiller un jour férié que j’aurais pu passer avec mon père. Avec moi il n’y avait que douze enfants, et je ne me rappelle le nom d’aucun. Je me rappelle juste le nombre, douze. Parce que j’ai compté les morceaux du gâteau, pendant que je comptais, je n’ai pas entendu joyeux anniversaire. Je me concentrais sur le comptage, pour tenter d’oublier le reste. De ma mère, je ne me souviens pas. Je me souviens seulement de mon père, vaguement. Derrière la flamme de la bougie, il chantait avec enthousiasme. A mesure que le couteau montait et descendait dans le gâteau, mon cerveau se brouillait.

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Le premier jour

Posté : 11 février, 2011 @ 8:45 dans musique et chansons, Poesie | 2 commentaires »

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Sérgio Godinho, O primeiro dia

Au début c’est simple, on marche tout seul
on passe dans les rues, tout doucement
on est dans le silence et le murmure
on boit les certitudes dans un verre de vin
puis on se souvient d’une phrase rebattue

aujourd’hui, c’est le premier jour du reste de ta vie
hoje é o primeiro dia do resto da tua vida

Peu à peu l’allure se fait vagabonde
on fait le tour de la peur, on fait le tour du monde
on dit du passé qu’il est moribond
on boit le courage dans un verre sans fond
et on se souvient d’une phrase rebattue

hoje é o primeiro dia do resto da tua vida
hoje é o primeiro dia do resto da tua vida

Alors, les amis nous offrent un lit
on entre crevé, on ressort rafraîchi
on lutte pour tout ce qui nous tient à coeur
on boit et on mange, quelqu’un nous dit bon appétit
et on se souvient d’une phrase rebattue

hoje é o primeiro dia do resto da tua vida
hoje é o primeiro dia do resto da tua vida

Puis vient la fatigue, et le corps faiblit
on se regarde, il ne reste plus grand chose
on demande un répit, aussi court soit-il
on oublie ses doutes dans une mer de bière
e vem-nos à memória uma frase batida

hoje é o primeiro dia do resto da tua vida
hoje é o primeiro dia do resto da tua vida

Enfin, d’un choix on fait un défi
on affronte la vie d’un bout à l’autre
on navigue sans mer, sans voile ni navire
on boit du courage même d’un verre vide
e vem-nos à memória uma frase batida

hoje é o primeiro dia do resto da tua vida
hoje é o primeiro dia do resto da tua vida

Entre temps, le temps a fait cendre la braise
une marée haute viendra de la marée basse
un jour nouveau se lève, et on a des ailes
on trinque à ses amours avec le vin qui reste
e vem-nos à memória uma frase batida

hoje é o primeiro dia do resto da tua vida
hoje é o primeiro dia do resto da tua vida

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Elégie

Posté : 8 février, 2011 @ 9:35 dans - XVIIème/XVIIIème siècles, littérature et culture, Poesie | Pas de commentaires »

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Cascade fantastique, huile de Catherine Scharbach

Seraient-ils ceux-là,
Les lieux enchanteurs,
Par où je passais
Les bonnes années ?

Serait-ce les prés
Où je m’amusais,
Tout en faisant paître
Le gentil troupeau

Qu’Alceu m’a laissé ?

Ce sont-là ces lieux ?
Eh bien oui ; c’est moi
Qui suis différent.
C’est toi, Marília ?
J’arrive, attends.

Un cours d’eau tombait
De ce haut rocher ;
Au bruit murmurant
J’ai dormi souvent !
L’écume neigeuse
Ne recouvre plus
Les rochers brisés :
Comme si la rivière
S’était détournée.

Ce sont là ces lieux ?
Eh bien oui ; c’est moi
Qui suis différent.
C’est toi, Marília ?
J’arrive, attends.

[…]

L’âme qui avait
Toute liberté,
Ressent à présent
Amour et regret.
Les lieux enchanteurs
Qui jadis me plurent,
Las ! n’ont pas changé ;
Mais j’ai d’autres yeux,
Je suis affligé.

Ce sont là ces lieux ?
Eh bien oui ; c’est moi
Qui suis différent.
C’est toi, Marília ?
J’arrive, attends.

Tómas António Gonzaga, Liras, (Bahia) 1744, Portugal – 1810 ?, Mozambique.

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éperdument

Posté : 5 février, 2011 @ 3:53 dans - époque contemporaine, musique et chansons, Poesie | Pas de commentaires »

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Chanté par Nuno Guerreiro (du groupe Ala dos namorados) et Sara Tavares, un poème de Florbela Espanca sur une musique de  João Gil

aurore

Posté : 5 février, 2011 @ 12:06 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Photographie Michel Bacchetta

J’hésite un moment à jeter le cahier à l’eau ; mais quelqu’un me bouscule, en passant près de moi dans un groupe de gens pressés, ce qui m’oblige à le lâcher. Je le vois disparaître sur la surface noire du Tage, où les lumières se reflètent, emportant par le fond tout ce que j’ai écrit dans ce café où j’ai perdu Rosine. Je me sens soulagé, comme si j’avais jeté mon angoisse dans le fleuve et qu’elle se diluait dans le courant. J’ai la conscience pure, vierge de souvenirs et d’images. Isabelle, Rosine, la répétitrice de français, la petite amie de l’homme du golf, la fiancée, mon arrière-grand-oncle, Marta et José Cravo, tous ceux qui s’étaient rassemblés autour de moi s’envolent en fumée, eux aussi, dans cette nuit qui touche à sa fin, où la brume de l’aurore tombe sur le port, qui blanchit sous la première lueur du jour.

Nuno Júdice, L’ange de la tempête, La Différence, 2006

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la pomme

Posté : 2 février, 2011 @ 7:20 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 2 commentaires »

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pommes de Monchique

Pommes de Monchique

Nous sommes en pleine ère électronique, l’ère de l’informatique, de l’ordinateur. Mais aussi des armes chimiques, de la pollution, du trou dans la couche d’ozone. Au long de l’histoire, le monde n’a jamais connu d’époque où les capacités humaines n’aient à tel point explosé. La technique menace de détruire l’homme lui-même ou de créer, en laboratoire, un quelconque robot qui le remplacera. Dans tout ce panorama d’agitation et d’inquiétude, il n’y a qu’une chose qui nous tranquillise. C’est, vrai, à mon avis : il n’y a plus que la pomme.
Tout a évolué, tout est plein de produits nocifs pour satisfaire notre société de consommation
Seule la pomme reste égale à elle-même et au premier jour. Depuis qu’Eve l’a cueillie au Paradis et qu’Adam l’a gardée en travers de la gorge. Grosse ou petite, elle est toujours la même, elle est toujours, et de plus en plus, une tentation pour l’homme. Tentation du pouvoir, lorsqu’on y mord à belles dents. Tentation de l’argent, lorsqu’on la ronge jusqu’au trognon, sans rien laisser à personne. Et beaucoup d’autres, dont on ne parlera pas ici, mais dont tout le monde veut croquer.
J’ai pris conscience des nombreuses vertus de la pomme séductrice lorsque j’ai entendu pour la première fois dire que les petits vieux aux yeux brillants et aux joues bien rouges, à la peau colorée par l’air de la montagne, par les monceaux de pommes qu’ils coupaient au canif et mordillaient entre les dents qu’il leur restait, ou par un petit coup d’eau de vie d’arbouse, ressemblaient à de petites pommes de Monchique.

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A voir et revoir… Orfeu negro

Posté : 1 février, 2011 @ 12:32 dans musique et chansons | Pas de commentaires »

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