la mer, l’hiver
L’hiver, les plages désertes s’emplissent d’écume
et de mouettes. J’entends le fracas des vagues contre la falaise;
et je respire l’air salé avec l’impression lumineuse
du matin. La nuit, cette image se transforme
en un simple souvenir: et je le colle à la vitre de mon âme
pour ne pas oublier ce que j’ai vu, sachant qu’un
jour je pourrai m’en servir, dans le poème, où la mer se
transformera en cette image que j’ai gardée, par un
matin d’hiver.
Pourtant, je n’entends pas au fond des mots
le fracas de la marée ; ni ne respire, entre
les vers, le froid humide d’un bord de mer où j’ai appris
les couleurs exactes du matin. Le poème n’est pas plus
qu’une carte où j’accompagne, sur la ligne des substantifs,
le courant du monde, et j’imagine, dans la tache
de chaque adjectif, la forme des paysages. Et je feuillette
les strophes en un voyage abstrait, en quête
des grandes plages de la vie.
Mais la mer est toujours collée à la vitre
de mon âme, embuant ce que j’écris
de son rythme matinal.
Nuno Júdice, http://aaz-nj.blogspot.com, 23 mars 2008
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