Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour septembre, 2011

dépit

Posté : 24 septembre, 2011 @ 8:17 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 545 commentaires »

dépit dans - moyen âge/ XVIème siècle trob_s10Chaque fois que mon ami vient ici,
il me dit, mes amies, qu’il perd la tête,
et qu’il se meurt d’amour pour moi,
mais je crois bien que ce n’est pas vrai
car mourir, je ne le vois jamais
ni jamais devenir fou.

 

Il pleure beaucoup et il jure
qu’il est fou et qu’il veut des fils
qu’il meurt pour moi, mais, s’il veut périr,
je sais bien qu’il n’est pas pressé,
car mourir, je ne le vois jamais
ni jamais devenir fou.

 

Alors, voyons ce qu’il nous dira,
car si je le vois vivant et sain d’esprit,
moi je dirai : tu n’es pas mort d’amour ?
mais il se moque bien de moi déjà,
car mourir, je ne le vois jamais,
ni jamais devenir fou.

Il ne pourra plus me faire croire
qu’il meurt d’amour, s’il ne meurt pas.

« TEST ADMIN »

Johan Garcia de Guilhade

(B 754, V 357)

Troubadour portugais probablement né à Barcelos, milieu du XIIIe.

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Le commencement du monde

Posté : 17 septembre, 2011 @ 7:08 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 3 commentaires »

 

zambzedtail.jpg

 (Source : Wikipédia)

Le Zambèze est cette grande route qui coule vers la mer. Et il coule avec une telle force, dans sa course, qu’il a emporté tous ces gens comme une gigantesque carotide qui aurait expulsé tout le sang du pays, en jets bouillonnants et successifs. Ainsi, il a répandu de par le monde les histoires de la noblesse de ce pays, il l’a fait connaître aux quatre coins du monde à travers l’imagination fantastique de ceux qui le

Ainsi, les hommes blancs étaient venus en nombre croissant à travers l’océan, remontant le flux descendant et dominateur, et avaient grimpé jusqu’ici pour atteindre ce qu’ils avaient appelé par erreur le bout du monde, alors que ce n’en était, somme toute, que le commencement : le point à partir duquel les messagers forcés avaient été envoyés aux quatre coins de la terre pour couper la canne (pas moyen de le nier) mais, surtout, pour chanter leur pays comme l’origine de toutes choses, et le chanter plus merveilleux qu’il n’était en réalité, parce qu’il est bien connu que l’absence et la distance rehaussent, ou inventent, les qualités et atténuent, ou effacent, les défauts.

En remontant le fleuve les hommes blancs avaient continué, comme on l’a vu, à envoyer les chargements humains vers l’embouchure, et de là vers l’autre côté de la mer. Ils les récoltaient exactement comme Suzé Mantia, un siècle plus tard, en viendrait à récolter des éléphants et des rhinocéros, affrontant avec prudence leur colère, les surprenant par l’étendue de leur supériorité, toujours vainqueurs. Et les plaines étaient si remplies de gens, qui normalement se rassemblent près des fleuves pour boire de leur eau, qu’ils les cueillaient à pleines poignées, des deux côtés, sur les deux berges si proches et si lointaines, si unies et si différentes.

João Paulo Borges Coelho, As duas sombras do rio, Caminho, 2003


fleur de la mer

Posté : 16 septembre, 2011 @ 7:06 dans - XIXème siècle, littérature et culture | 270 commentaires »

remous.jpg

Toi, tu viens de la mer, du secret,
De l’étrange mer écumeuse et froide
Qui met un filet de rêve au navire
Et le fait balancer dans la vague, inquiet.

Tu as de la mer l’éblouissant affect
Les dormances nerveuses, et le sombre
Visage terrifiant et trouble, sauvage,
Des ondes en ton sinistre et orageux aspect.

En un fond idéal de pourpres et de roses
Tu surgis des eaux mucilagineuses
Comme la lune dans la brume des espaces…

Tu portes en ta chair l’efflorescence des vignes,
Des aurores, de vierges musiques marines,
D’âcres arômes d’algues et de sargasses…

Cruz e Sousa, (Santa Catarina, Brésil) Broqueís, 1893

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