Démons intimes
les cheveux bien coiffés de ma mère tout près du visage de mon père, le collier de perles qui touche presque son épaule, écoute-moi Baltazar, mais mon père était déjà loin, il s’était déjà exilé dans l’habitude de rester des heures dans le jardin à regarder les oiseaux,
ton père n’est pas fou, je ne veux plus jamais t’entendre dire une bêtise pareille
mon père n’est pas devenu fou, c’est juste une habitude qui s’est emparée de lui, la folie est un abîme, pas un chemin qu’on parcourt en plus ou moins de temps, ton père va bien, il a simplement besoin d’être seul, rien de plus, je ne veux plus t’entendre répéter les bêtises que tu entends dans la rue, et je ne répétais pas, et avec le temps j’ai pris l’habitude de trouver tout normal, les oiseaux, des centaines d’oiseaux, les cages de plus en plus grandes, les murs tous occupés, je me suis habituée au chaos qu’était devenu le jardin, mon père n’est jamais devenu zinzin comme le dit Ângelo, il est tellement méchant Ângelo,
on ne devient pas zinzin petit à petit
Dulce Maria Cardoso, Les anges, Violeta (Os meus sentimentos) L’esprit des péninsules, 2006
Revenir à la page d’accueil