Lusopholie

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Archive pour la catégorie '- moyen âge/ XVIème siècle'

dépit

Posté : 24 septembre, 2011 @ 8:17 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 545 commentaires »

dépit dans - moyen âge/ XVIème siècle trob_s10Chaque fois que mon ami vient ici,
il me dit, mes amies, qu’il perd la tête,
et qu’il se meurt d’amour pour moi,
mais je crois bien que ce n’est pas vrai
car mourir, je ne le vois jamais
ni jamais devenir fou.

 

Il pleure beaucoup et il jure
qu’il est fou et qu’il veut des fils
qu’il meurt pour moi, mais, s’il veut périr,
je sais bien qu’il n’est pas pressé,
car mourir, je ne le vois jamais
ni jamais devenir fou.

 

Alors, voyons ce qu’il nous dira,
car si je le vois vivant et sain d’esprit,
moi je dirai : tu n’es pas mort d’amour ?
mais il se moque bien de moi déjà,
car mourir, je ne le vois jamais,
ni jamais devenir fou.

Il ne pourra plus me faire croire
qu’il meurt d’amour, s’il ne meurt pas.

« TEST ADMIN »

Johan Garcia de Guilhade

(B 754, V 357)

Troubadour portugais probablement né à Barcelos, milieu du XIIIe.

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Sagesse

Posté : 8 juin, 2011 @ 8:38 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 3 commentaires »

 

cronicageral.jpg

*

Mais Alataba éprouvait une très grande honte, parce que ce qui lui arrivait était mal et laid, et aussi parce qu’elle le lui avait caché, alors qu’elle était sa grande amie. Aussi, très peinée, elle lui conta tout de ce qui se passait avec le roi, sans rien lui cacher. Et, après lui avoir tout dit, elle la pria de lui conseiller un moyen de sortir de cette grande affliction.
Car en vérité, amie, lui dit Alataba, mon malheur est si grand que je m’étonne de ne pas être déjà morte depuis longtemps.
Et, lorsque Alquifa entendit tout ce que contait Alataba de son épreuve et de son chagrin, elle eut tant de peine en son cœur qu’il lui semblait qu’il voulait se briser. Et elle lui dit alors :
Certainement, mon amie, je te dis que, si telle chose m’arrivait, pour tout l’or du monde rien ne m’empêcherait de le dire à un homme en qui j’aie confiance, et dont je saurais qu’il compatirait à mon malheur.
Et Alataba répondit à ces paroles en disant :
Si ceux qui avaient connaissance de ce fait le jugeaient exactement comme il s’est passé, je n’aurais pas à craindre de le faire savoir à mon père. Mais je sais bien que mon père est homme de bon sens ; et je vois bien que tous les hommes sages tiennent la plupart des femmes pour mauvaises. C’est pourquoi je n’ose le faire dire à mon père, car j’ai peur qu’il ne me croie pas et qu’il ne pense que je l’ai fait de mon plein gré, et qu’il ne m’abandonne à mon sort.
Et Alquifa lui dit :
Mon amie, ce que tu dis ne vaut pas. Et je vais te dire pourquoi. Il est certain que, si tu nies et que tu veux continuer de cette manière, il n’est pas possible que tu ne tombes pas enceinte; et quand tu seras enceinte, tu ne pourras plus cacher ce qui se passe. Or, tu sais bien que la reine te fait autant d’honneur que si tu étais sa fille ; aussitôt qu’elle le saurait, tu peux être sûre qu’elle te considèrerait comme une mauvaise fille ; et, si cela se produisait, la mort te serait mille fois plus douce que la vie. Je veux que tu apprennes de moi, selon ce que je vois, que même si tu te tais, la vérité sera connue pour ton grand dommage et ta grande honte. Alors que, si tu le dis de façon sensée à qui tu juges qu’il est bon de le dire, tu ne pourras jamais être considérée comme coupable. Moi, en cette affaire, je ne vois pas de solution plus sage ni de meilleur conseil que de le faire savoir à ton père, au plus vite, avant que personne d’autre ne le sache.

Crónica Geral de Espanha de 1344

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L’aventure d’Avalor

Posté : 22 février, 2011 @ 8:50 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 2 commentaires »

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Il fut alors certain d’avoir rejoint la terre, et bien que cette voix l’eût aussitôt ému de compassion, toutefois parce qu’il en portait en lui une autre plus grande qui alors le tenait plus encore, il s’imagina qu’il s’agissait de cette terre d’où il était parti, et se hâtant du mieux qu’il put, triste de lui-même et de son sort, il reprit les rames avec ces mains où déjà lors de ce voyage s’étaient tant de fois formées des ampoules, et où tant d’autres fois les ampoules s’étaient percées et s’étaient muées en sang. Mais pour autant qu’Avalor s’efforçât, il ne put jamais vaincre les vagues qui l’attiraient à terre, et elles s’étaient déjà, quand il reprit ses sens, rendues maîtresses de la barque, et lui ne le vit pas, tout occupé de lui-même et des rames ; il ne s’en aperçut que lorsqu’une haute vague, qui les couvrit d’écume lui et la barque, envoya celle-ci au milieu des écueils qui la brisèrent en plusieurs endroits.
- Dieu me vienne en aide ! disait-il.
Avec énergie, il s’agrippa à des rochers qui émergeaient un peu de la mer, et l’eau, avec un terrible vacarme, se répandit entre tous ces rochers, et une partie, se brisant contre cette roche haute, lança les gouttes d’eau de la mer vers le ciel, qui avec la force ou la réverbération de l’air, ou quoi que ce fût d’autre, éclairaient comme des chandelles, et à ce moment-là, en peu de temps toute cette eau retourna à la mer qui l’attendait, arrivant déjà du large en grossissant, comme si elle s’armait pour se venger de ces rochers qui troublaient ses eaux.

Bernardim Ribeiro, Menina e Moça, première édition Ferrare 1554

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Levantou-s’a velida

Posté : 22 janvier, 2011 @ 7:40 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | Pas de commentaires »

 

Levantou-s'a velida dans - moyen âge/ XVIème siècle dinis210

Dom Dinis

Elle s’est levée la belle
elle s’est levée à l’aube
va laver des chemises
au large
va les laver bien blanc.

S’est levée la mignonne
elle s’est levée à l’aube
va laver des corsages
au large
va les laver bien blanc.

Va laver des chemises
elle s’est levée à l’aube
le vent les lui soulève
au large
va les laver bien blanc.

Va laver des corsages
elle s’est levée à l’aube
le vent les lui emporte
au large
va les laver bien blanc.

Le vent les lui soulève
elle s’est levée à l’aube
l’aube s’est énervée
au large
va les laver bien blanc.

Le vent les lui emporte
elle s’est levée à l’aube
l’aube s’est enragée
au large
va les laver bien blanc.

Dom Dinis, CV 172

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Elle est si belle

Posté : 15 décembre, 2010 @ 8:09 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 7 commentaires »

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Très gracieuse est la demoiselle,
comme elle est belle et jolie !

 

Dis-le, toi, marin,
qui sur les nefs navigues,
si la nef, si la voile
si l’étoile est aussi belle !

 

Dis-le, toi, chevalier,
qui sous les armes vis,
si le cheval, si les armes,
si la guerre est aussi belle !

 

Dis-le, toi, petit pâtre,
qui gardes les troupeaux,
si le bétail, si les vallées,
si la sylve est aussi belle !

Gil Vicente, (v.1465 – 1536) in O Auto da síbila Cassandra, 1503

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Les vertus de la lecture

Posté : 30 novembre, 2010 @ 7:20 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 9 commentaires »

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Sur le travail manuel quotidien : l’Oisiveté est ennemie de l’âme ; ainsi, en certaines saisons, les frères devraient travailler de leurs mains et réserver certaines heures à de pieuses lectures. Entre Pâques et les Calendes d’Octobre ils devront s’adonner à la lecture, de la quatrième à la sixième heure. Des Calendes d’Octobre au début du Carême, ils devront lire jusqu’à la fin de la troisième heure; pendant la durée du Carême ils pourront chacun recevoir un livre et le lire en entier.

Règles de Saint Benoît, Chapitre XLVII (extrait)

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la reine morte

Posté : 27 novembre, 2010 @ 8:53 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 7 commentaires »

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Dona Inês parle :

Où trouverai-je un cœur
si dur et sans compassion,
qu’il ne sera pas ému
par si grande cruauté,
par cette mort sans raison ?
Pauvre de moi, innocente,
qui pour tant de fervente
loyauté, de foi, d’amour,
pour le prince, mon seigneur,
fus cruellement tuée !

Ce malheur qui m’est échu,
non content de m’achever,
pour m’affliger davantage
m’a mise en la position
de me faire choir de très haut ;
car, si quelqu’un m’avait tuée,
avant que j’aime si fort,
je n’eus pas brûlé dans les flammes,
je n’eus connu ni père, ni enfants,
et personne ne m’eût pleurée.

J’étais encore jeune fille,
je m’appelais Dona Inês
de Castro, si bien éduquée
et vertueuse que j’étais digne
du contraire de mon malheur.
Je vivais alors sans savoir
quel amour je pouvais donner
et je pouvais recevoir
et le prince m’a regardée
pour son malheur et ma fin !

Il se mit à me désirer,
il s’employa à me servir ;
et la fortune ordonna
que nos cœurs se réunissent
en une seule volonté.
Il m’a connue, je l’ai connu,

il m’a aimée, je l’ai aimé,
il m’a perdue, je l’ai perdu ;

jamais jusqu’à la mort n’a tiédi
l’amour que, las ! j’avais pour lui.

Poème que Gárcia de Resende fit pour la mort de Dona Inês de Castro, que le roi Afonso IV de Portugal fit tuer à Coimbra, parce que le prince Dom Pedro, son fils, l’avait prise pour épouse et, par amour pour elle, refusait de se marier.

(Trovas que Gárcia de Resende fez à morte de Doa Inês de Castro, que El-rei Afonso o Quarto, de Portugal, matou em Coimbra, por o princepe Dom Pedro, seu filho, a ter como mulher e, polo bem que lhe queria, nam queria casar.)

Cancioneiro Geral de Garcia de Resende, 1512

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Dans l’autre ? sens

Posté : 21 septembre, 2010 @ 8:30 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 5 commentaires »

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guillaume2.gif

Guillaume IX d’Aquitaine

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(Lyrics of the Troubadours and Trouvères, Anthologie de Frederick Goldin, New York University, Anchor, 1973)

Lire la traduction française et la traduction portugaise :

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