Lusopholie

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Archive pour la catégorie '- moyen âge/ XVIème siècle'

maudite soit la mer

Posté : 23 août, 2010 @ 9:17 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | Pas de commentaires »

troubadourxiii.jpg

Quand je vois les ondes
et les hautes falaises,
il me vient une onde
au cœur pour la belle.
Maudite soit la mer,
qui me fait tant de mal !

 Je ne peux voir les ondes
et les roches élevées
sans que me vienne une onde
au cœur pour la jolie.
Maudite soit la mer,
qui me fait tant de mal !

 Quand je vois les ondes
et la côte découpée,
il me vient des ondes
au cœur pour la parfaite.
Maudite soit la mer,
qui me fait tant de mal !

 Rui Fernandes (de Santiago)

 CV 488, CBN 903

 

Médisance

Posté : 7 juillet, 2010 @ 7:55 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 4 commentaires »

 

 

Médisance dans - moyen âge/ XVIème siècle trouba10Don Bernaldo, vous amenez
avec vous une telle femme,
la pire que vous connaissez
Quand l’alguazil le saura,
il voudra vous la voler
et la pute se plaindra
et vous vous irriterez.

guilla11 dans littérature et cultureMais vous, qui comprenez,
ce qu’un bon jongleur comprend,
par quel diable vous vivez
avec elle qui se vend ?
Car voyez ce qu’elle fera:
Sûr, elle vous piègera,
et grande honte en aurez.

Et ensuite, que ferez
quand quelqu’un dira au Roi
qu’avec elle vous vivez

et qu’il voudra la juger ?
Même Dieu ne le pourra
et vous vous serez blessé
vous ne pourrez la sauver
.

Et ne vous apercevez
que si elle fait un enfant
allant, comme vous voyez
avec le premier venu
ce que je crains maintenant
c’est que les gens penseraient
que l’enfant n’est pas de vous.

Pero da Ponte, jongleur galicien du XIIIe siècle, cour d’Alphonse X de Castille.

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le combat de taureaux

Posté : 1 juillet, 2010 @ 7:09 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 8 commentaires »


combatdetaureaux.jpg

Combat de taureaux (www.fcsolveira.info)


Aonia se leva et, jetant sur ses épaules un grand morceau d’étoffe, (car elle était encore en chemise), alla jusqu’à la terrasse et le vit qui regardait par là, mais, se voyant sur la terrasse, elle se souvint qu’elle n’était coiffée que d’un turban, comme à son lever, et, soit pour ne pas avoir l’air de venir de se lever, soit déjà pour paraître décente, elle se couvrit la tête d’une manche de sa chemise, et l’y laissa.

Sur ce, les vaches tout en paissant commencèrent à entourer le berger à l’endroit où il se trouvait, une sorte de petit tertre, et comme elles paissaient de ci, de là, arriva d’une autre manade un taureau énorme et terrible, qui meuglait et se jetait de temps en temps de la terre sur les flancs, et à d’autres moments, comme s’il voulait la manger, il secouait la tête d’un côté et de l’autre. Arrivant près des vaches, il se mit à lutter si férocement avec un des taureaux du berger que cela effrayait Aonia, même là où elle était le plus protégée d’eux. Tout en luttant férocement, ils arrivèrent à l’endroit où le berger se tenait, mais elle vit qu’il ne bougeait pas ni ne détournait son regard de l’endroit où elle regardait, il semblait plutôt, tranquille comme il était, qu’il ne les voyait pas, si ce n’est que ceci paraissait difficile à croire. Mais, quand elle vit avec certitude que les taureaux arrivaient sur lui, elle s’évanouit, et lorsqu’elle revint à elle, elle regarda et, avec la grande distance qui les séparait et comme les taureaux l’empêchaient de le voir lui, croyant qu’ils étaient en train de le piétiner, elle tomba de l’autre côté, comme morte.

Bernardim Ribeiro, Mémoires d’une jeune fille triste (Menina e Moça) Phébus, 2003

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Chanson méchante

Posté : 24 mai, 2010 @ 7:06 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 8 commentaires »

 

trovador1.jpg

*

Un soir j’étais avec Don Foan,
Je commençais à m’ennuyer ferme ,
avec tout ce qu’il me racontait.
Il a dit : j’y vais, vous allez vous coucher;
et j’ai dit : grand bien vous fasse,
car vous partez et me laissez.

*

Ce qu’il disait m’ennuyait fort,
vraiment beaucoup, ne plaise à Dieu,
et je papillonnais des yeux ;
quand il a dit : je vais me coucher;
moi j’ai dit : grand bien vous fasse,
car vous partez et me laissez.

*

Il ne partait plus, s’obstinait,
et j’en étais très ennuyé,
il n’a pas su ce que je pensais,
et quand il a dit : bon, j’y vais,
je lui ai dit : grand bien vous fasse,
car vous partez et me laissez.

Dom Dinis de Portugal, 1261-1325 (CBN 1539)

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« tension »

Posté : 3 mai, 2010 @ 8:10 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | Pas de commentaires »

trovadores.jpg

 

- Picandon, écoute, moi je suis très surpris,
par Messire Sordel
(1), je connais ses chansons,
elles sont nombreuses et belles, et la musique aussi;
comment peut-il se tromper à ton sujet, ainsi,
sur toi, qui n’es rien d’autre qu’un jongleur;
pourquoi est-il à la cour ton protecteur :
toi, ou bien lui, expliquez-moi cela.

- João Soares, voilà d’abord l’explication,
et au plus vite, la voici la raison :
je peux remporter tous ces prix
et être apprécié à la cour
comme un jongleur talentueux qui peut dire :
« Voyez, je ne me trompe jamais
dans mes chants, mes sirventês, mes strophes. »

- Picandon, on ne peut dire qu’il soit courtois
que tu te vantes toi-même beaucoup,
que tu fréquentes les tavernes,
que tu boives, que tu cherches querelle,
ou alors, si c’est la raison de ton succès,
jamais Notre Seigneur n’a fait homme aussi courtois
que toi, si tu y réfléchis.

- João Soares, même si vous m’insultez,
je vais rester le bon jongleur que je suis,
quant à vous, Messire, vous feriez mieux
d’apprécier tous les jongleurs ;
je sais beaucoup de chansons, je chante bien,
je ne me trompe jamais, et je chanterai toujours
quand vous m’en ferez la demande.

- Messire Picandon, je me rends,
je te demande pardon pour mes paroles
et, de ce pardon, je te remercie.

- João Soares, je vous pardonne volontiers
si vous pensez à mon cadeau, et ne m’oubliez pas,
pour les profits, en quelque lieu où vous alliez.

 

João Soares Coelho et Picandon, XIIIème siècle (CV 1021)

(1) Le plus grand troubadour italien en langue provençale, Autour de lui est né un mythe que l’on retrouvera jusque dans la poésie occidentale du XIXe et du XXe siècle.

troubadourssordel.jpg

Sordel

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grand regret

Posté : 23 mars, 2010 @ 7:20 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 6 commentaires »

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*

Luzia Sanchéz, vous avez grand manque
de moi, qui ne baise pas une miette,
puisque si je vous baise, Dieu m’aide,
je suis malade depuis trois jours.
Par Dieu, Luzia Sanchéz, Dona Luzia,
si je le pouvais, je vous baiserais.

Je vous vois allongée, pleine de désir,
Luzia Sanchéz, parce que je ne baise pas ;
si je pouvais vous satisfaire,
hélas je ne le peux ! je le ferais.
Par Dieu, Luzia Sanchéz, Dona Luzia,
si je le pouvais, je vous baiserais.

Dieu m’a donné cette pine captive
qui ne peut déjà plus cracher de sève
et qui paraît bien plus morte que vive,
si sa maison brûlait, pas moyen qu’elle se lève.
Par Dieu, Luzia Sanchéz, Dona Luzia,
si je le pouvais, je vous baiserais.

Avec moi mes péchés se sont couchés.
Ayez pitié de mes si durs malheurs,
et de mes couillons, qui sont très enflés,
qui sont trop souffrants pour baiser.
Par Dieu, Luzia Sanchéz, Dona Luzia,
si je le pouvais, je vous baiserais.

João Soares Coelho (c. 1200 + c. 1280)

Troubadour portugais d’ascendance noble, il écrivit entre 1248 et 1280. Après avoir participé à la conquête de l’Algarve, il occupa d’importantes charges politiques et administratives à la Cour de D. Afonso III, puis de D. Dinis, lui-même troubadour.

Ses texte, 52 en tout, sont répartis comme suit: 21 chansons d’amour, 15 chansons d’ami, deux satires littéraires, un sirventês, 8 chansons de moquerie ou de médisance, et 5 « tensions ». Son style très personnel révèle une constante préoccupation d’ordre littéraire, que l’on peut voir dans la richesse de ses figures réthoriques et leur expressivité. Une de ses innovations thématiques – chanter l’amour d’une nourrice – provoqua une polémique parmi les troubadours et les jongleurs de la Cour l’Afonso X, roi de Léon et Castille, ponctuée d’allusions burlesques et de plaisanteries, mais également de censures sévères.

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Jalousie

Posté : 18 mars, 2010 @ 7:20 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 4 commentaires »

troubadour.jpg

Jongleur Martin, quelle défaite,
Elle couche encore avec vous,
Votre femme!

Vous me voyez soupirer;
Et vous, couché, vous jouissez
de votre femme!

De ma douleur, vous ne souffrez;
moi, je meurs, et vous vous baisez
votre femme !

Martim jogral, que defeita,
sempre convosco se deita
vossa mulher!

Vedes-me andar suspirando;
e vós deitado, gozando
vossa mulher!

Do meu mal não vos doeis;
morro eu e vós fodeis
vossa mulher!

João Garcia de Guilhade, né à Milhazes, près de Barcelos. (XIIIème siècle)

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Méchanceté

Posté : 12 mars, 2010 @ 8:31 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | Pas de commentaires »

 Méchanceté dans - moyen âge/ XVIème siècle trouba10

Don Martin Marcos est mort, si c’est la vérité,
je sais qu’avec lui est morte la malhonnêteté.
Morte l’imbécillité, morte la vacuité,
Mortes la lâcheté et la méchanceté.

Si Don Martin est mort sans honneur ni bonté,
Et si vous en cherchez un autre, par curiosité,
en vain fouillerez-vous de Rome à la cité ;
demandez-moi, je satisferai votre volonté.

Je peux vous dire un autre chevalier, par charité,
qui vous aiderait à consoler votre regret.
Laissez-moi vous le dire, au nom de la vérité :
il n’est ni roi ni comte, mais d’autre qualité,

que je tairai, que je dirai, que je tairai…

Pero da Ponte (Galice) début du XIIIe siècle

 

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