Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour la catégorie '- moyen âge/ XVIème siècle'

Au secours !

Posté : 25 septembre, 2009 @ 7:26 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 3 commentaires »

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J’étais à l’ermitage de San Simion,
m’ont encerclée les vagues si grandes
quand j’attendais mon ami !
quand j’attendais mon ami !

J’étais à San Simion devant l’autel,
m’ont encerclée les vagues de la mer
quand j’attendais mon ami !
quand j’attendais mon ami !

M’ont encerclée les vagues si grandes,
je n’ai ni batelier, ni rameur
quand j’attendais mon ami !
quand j’attendais mon ami !

M’ont encerclée les vagues de la mer
et je n’ai ni batelier, ni rameur
en attendant mon ami !
en attendant mon ami !

Comme je n’ai ni batelier, ni rameur
je mourrai, jolie, en haute mer
en attendant mon ami !
en attendant mon ami !

Pas de batelier, je ne sais pas ramer,
je mourrai, jolie, en haute mer
en attendant mon ami !
en attendant mon ami !

[B 852 / V 438]

Le jongleur Meendinho (Mendinho) a vécu entre la seconde moitié du XIIIème siècle et le début du XIVème. On n’a pas de renseignements précis sur sa biographie. On pense qu’il était originaire du sud de la Galice, de Vigo.

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Les danseurs

Posté : 22 août, 2009 @ 7:19 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 2 commentaires »

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Arrivée

[journée du 26 avril 1500]

Le Capitaine général poursuivit son chemin en remontant le cours de la rivière, laquelle court toujours à peu de distance de la plage. Il y avait là un vieillard qui nous attendait, avec une pagaïe à la main. Le Capitaine s’étant approché, entouré de nous tous, le vieillard lui parla, mais personne ne le comprit, pas plus qu’il ne nous comprit lui même, à toutes les questions que nous lui posions à propos de l’or, car nous souhaitions savoir s’il y en avait dans le pays. Il avait la lèvre si largement fendue qu’on aurait pu y passer le pouce. Il portait dans l’orifice une pierre verte, de piètre qualité, qui le fermait de l’extérieur. Le Capitaine lui demanda de la retirer. Et seul le diable sait ce qu’il lui répondit, mais il essaya de la placer dans la bouche du Capitaine; ce qui nous fit quelque peu rire. Sur ce, le Capitaine se froissa et il s’écarta du vieillard. Un des nôtres lui donna en échange de la pierre un vieux chapeau, non point qu’elle valût grand chose, mais c’était une curiosité. Elle arriva ainsi entre les mains du Capitaine, qui, je crois, la fit ajouter aux choses qu’il doit remettre à votre Majesté.
Nous fûmes en reconnaissance en suivant la rivière, dont l’eau est abondante et excellente. Il y a sur ses rives de nombreux palmiers, pas très hauts; on en peut manger le coeur. Nous en avons coupés et mangés un grand nombre.
Le Capitaine redescendit alors jusqu’à l’embouchure de la rivière, là où nous avions débarqué.
De l’autre côté de ladite rivière, il y avait un grand nombre de ces gens, qui dansaient et se réjouissaient entre eux, ce qu’ils faisaient fort bien, sans se prendre les mains. Diogo Dias, qui fut jadis collecteur de la dîme royale à Sacavém, franchit alors la rivière. C’était un homme enjoué et ami du plaisir. Il emmena avec lui un joueur de cornemuse, avec son instrument, et il se joignit à eux, dansant et les prenant par la main. Et eux se réjouissaient et riaient, au son de la cornemuse, s’entendant fort bien avec lui. Après avoir dansé, il leur fit sur place maintes pirouettes et un saut périlleux, dont ils rirent et s’étonnèrent fort. Tout cela les réjouissait grandement. Cependant, ceux qu’il avait côtoyés et divertis par tout cela s’enfuirent soudain comme sauvages et remontèrent la rivière.
Le Capitaine la traversa alors avec nous tous et nous allâmes jusqu’à la plage, que nous longeâmes à quelque distance du rivage…

Lettre du Brésil de Pero Vaz de Caminho au roi Dom Manuel, mai 1500.

Traduction de Bernard Emery

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Du pain ou des roses

Posté : 13 août, 2009 @ 9:44 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 4 commentaires »

Du pain ou des roses dans - moyen âge/ XVIème siècle isabel10

La Reine Isabel, princesse d’Aragon, était l’épouse du roi Dom Dinis.
Elle aimait tant le Portugal et le peuple qu’elle est devenue une des reines les plus importantes et les plus célèbres. Partout où elle passait, elle laissait transparaître son amour et sa bonté. Elle aimait beaucoup aider les pauvres, bien que cela déplût à son époux.

Un jour, elle sortait en cachette pour apporter du pain aux pauvres, dissimulé dans son giron, sous son grand manteau. Lorsqu’elle arriva dans la grande salle, son époux la vit et lui dit:
- Qu’avez-vous ici, madame ?

Dame Isabel, tremblante, lui répondit en baissant les yeux:

- Des roses, Monseigneur.

- Des roses, en janvier ? Montrez-les moi.

Lorsque Dame Isabel ouvrit son manteau, des roses tombèrent sur le sol.

(Légende de la reine Sainte Isabel )

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Découverte

Posté : 29 juillet, 2009 @ 7:22 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 2 commentaires »

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Indiens tupis (http://www.anthropologieenligne.com)

Or comme nous étions non loin de la côte, à dix lieues environ de l’endroit d’où nous étions partis, lesdites caravelles découvrirent un récif formant un port excellent et très sûr, avec une large entrée; elles y pénétrèrent et mirent en panne, les nefs les rejoignirent, et peu avant le coucher du soleil, à une lieue environ du récif, elles amenèrent les voiles et jetèrent l’ancre par 11 brasses de fond. Or Afonso Lopes notre pilote, se trouvant dans l’une des caravelles par ordre du commandant, en homme décidé et plein de ressources qu’il était, sauta aussitôt dans le canot pour sonder l’intérieur du port et y fit monter deux de ces hommes de l’endroit, jeunes et bien faits, qui étaient dans une pirogue; l’un d’eux tenait un arc et six ou sept flèches et sur le rivage il y en avait beaucoup avec leurs arcs et leurs flèches et ils n’en firent pas usage. Le pilote les conduisit sur‑le‑champ la nuit étant déjà tombée, auprès du commandant où on les reçut avec grand plaisir et où on leur fit fête.
Voici comment ils sont : la peau cuivrée tirant sur le rouge, de beaux visages, des nez beaux et bien faits. Ils sont nus sans rien pour se couvrir : ils ne se soucient nullement de cacher ou de montrer leurs parties honteuses : ils ont sur ce point la même innocence que pour ce qui est de montrer leur visage. L’un comme l’autre avaient la lèvre inférieure percée, avec chacun un ornement blanc en os passé dedans, long comme la largeur d’une main, gros comme un fuseau de coton, acéré au bout comme un poinçon : ils les introduisent par l’intérieur de la lèvre, et la partie entre la lèvre et les dents est faite comme la base d’une tour d’échecs : ils les portent coincés là de telle sorte que cela ne leur fait pas mal et ne les gêne ni pour parler, ni pour manger, ni pour boire. Leurs cheveux sont lisses et ils étaient coupés, mais coupés courts plutôt que ras. et tondus jusqu’au‑dessus des oreilles; et l’un d’eux portait sous ses mèches d’une tempe à l’autre par‑derrière une sorte de perruque de plumes jaunes qui pouvait avoir une coudée de long, très épaisse et très touffue, qui lui couvrait la nuque et les oreilles : elle était collée aux cheveux plume par plume avec une substance molle comme de la cire, mais qui n’en était pas, de sorte que la perruque était bien ronde, bien fournie et bien régulière et qu’un lavage n’était pas nécessaire pour la retirer.

Lettre du Brésil de Pero Vaz de Caminho au roi Dom Manuel, mai 1500, traduction de Bernard Emery

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Otages volontaires

Posté : 19 mai, 2009 @ 8:08 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 10 commentaires »

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… « Mais si vous voulez lui donner protection et vous en aller d’ici et rentrer dans vos terres, moi je ferai qu’un jour, celui qui vous plaira, il [Afonso Henriques] aille à vos Cortes où vous l’avez dit, et de ceci je ferai serment.  »
Dom Egas Moniz lui dit ces paroles et maintes autres pour lui faire lever le siège de la ville. Et l’empereur lui dit:
« Dom Egas, je veux croire votre conseil à cette condition, que vous me fassiez serment de le faire aller à mes Cortes à Tolède et qu’il reconnaisse ce qu’il doit. »
Alors dom Egas Moniz lui prêta serment ainsi que l’empereur l’avait commandé, et celui-ci donna protection au prince et à toute sa terre et promit que dès le lendemain il lèverait le siège de la ville.
[...]
Quand fut venu le temps où le prince devait se rendre aux Cortes de Tolède, selon le serment que dom Egas Moniz avait fait, il fit les préparatifs de tout ce dont il avait besoin. Mais dom Egas Moniz ne voulut y consentir en aucune manière, et préféra emmener ses enfants et sa femme avec tout ce qu’il leur fallait et s’en fut à Tolède, et il y arriva au jour dit, et avant d’atteindre le palais où était l’empereur, tous descendirent de leurs montures et se dévêtirent de tous leurs habits sauf de ceux de lin et de leurs chausses, excepté la dame qui portait un vêtement très fin. Et ils se passèrent de grosses cordes autour du cou, et entrèrent ainsi dans le palais de Galiena où se trouvait l’empereur avec maints nobles gentilshommes. Et quand ils arrivèrent devant lui ils s’agenouillèrent. Alors Dom Egas Moniz dit :

 

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La force des pierres

Posté : 6 mai, 2009 @ 8:57 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | Pas de commentaires »

La force des pierres dans - moyen âge/ XVIème siècle dimite13

Photographie Dimíter Ánguelov

Arrivant sur la berge, je cherchai du regard les lieux les plus ombragés, et il me sembla qu’ils se trouvaient au-delà de la rivière. Je me dis alors à moi-même qu’en cela on pouvait voir que l’on désirait le plus tout ce qu’il était le plus difficile d’obtenir ; car on ne pouvait y accéder sans passer l’eau, qui coulait là plus docile et plus haute qu’ailleurs. Mais moi, qui me réjouis toujours de chercher mon malheur, je passai de l’autre côté, et j’allai m’asseoir sous l’ombre épaisse d’un vert frêne, qui était un peu en contrebas et dont certaines des branches s’étendaient au-dessus de l’eau, qui avait à cet endroit un léger courant, et qui, gênée par un rocher qui se trouvait au milieu d’elle, se divisait d’un côté et de l’autre en murmurant. Moi, qui avais les yeux posés là, je commençai à examiner comment les choses qui n’avaient pas d’entendement pouvaient aussi se contrarier entre elles, et j’apprenais en cela à me consoler un peu de mon malheur : ainsi ce rocher était en train de contrarier cette eau qui voulait aller son chemin, comme mon infortune, en d’autres temps, avait coutume de le faire pour tout ce que je désirais le plus ; car maintenant je ne désire plus rien. Et de là me vint de la tristesse, car après le rocher l’eau se rejoignait et continuait sa course sans aucun bruit ; il semblait plutôt qu’elle courait là plus vite que de l’autre côté, et je me disais que cela devait être pour s’éloigner plus vite de ce rocher, ennemi de son cours naturel, qui, comme par force, se trouvait là.

Bernardim Ribeiro, Mémoires d’une jeune fille triste, Phébus, 2003 (Menina e Moça, Ferrare, 1554)

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Contre les femmes

Posté : 28 avril, 2009 @ 7:15 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 10 commentaires »

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Console-toi, toi qui es triste
leurs malheurs sont nos vengeances
ne fais plus couler tes larmes
laisse leur leurs espérances
car elles naissent privées de raison
n’en attends aucune d’elle
souviens-toi qu’elles sont femmes.

[...]

A quoi te sert de souffrir,
à quoi te sert de pleurer,
elles ne seront jamais autres,
elles ne changeront jamais ;
Laisse-les à leur nation,
n’en attends jamais de bien
souviens-toi qu’elles sont femmes.

Jorge d’Aguiar, « Contra as mulheres » (extrait), Cancioneiro Geral, 207. (1516)

Texte original :

 

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Consolateur

Posté : 7 avril, 2009 @ 7:10 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 2 commentaires »

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Consolateur dans - moyen âge/ XVIème siècle trobad10

 

Il a fait cette autre cantiga à Pero Rodrigues Grongelete à propos de sa femme dont la beauté lui faisait du tort

Pero Rodrigues, de votre femme,
ne croyez pas tout le mal qu’on vous dit.
Je suis sûr, moi, qu’elle vous aime beaucoup.
Qui ne dit pas ça cherche des intrigues.
Sachez que l’autre jour quand je la baisais,
Tout en jouissant, par ce qu’elle disait,
Elle me démontrait qu’elle est votre amie.

Si le ciel vous a donné une amie si loyale,
ne vous fâchez pas pour des vantardises,
car il ment, celui qui vous dit du mal d’elle.
Sachez que je l’ai entendue jurer l’autre jour
qu’elle vous estimait plus que quiconque ;
et pour vous montrer combien elle vous aime,
elle me l’a redit tout en me baisant.

Martim Soares, ( Minho), troubadour à la cour d’Alphonse X de Castille et Léon (1230 – 1270)

Texte portugais :

 

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