Lusopholie

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Archive pour la catégorie '- moyen âge/ XVIème siècle'

Christophe Colomb, l’énigme

Posté : 10 novembre, 2008 @ 8:23 dans - époque contemporaine, - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Le dernier film de Manoel de Oliveira.

(Le texte d’introduction est un extrait de As Lusiadas, de Camoes.)

L’hypothèse faisant de Colomb un Portugais est également le thème du roman de José Rodrigues do Santos, O Codex 632.

Cuba est en effet un village de l’Alentejo

Il n’existe en Europe aucune autre localité portant ce nom.

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Une fable

Posté : 20 octobre, 2008 @ 8:35 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 5 commentaires »

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On raconte qu’un laboureur avait semé du lin dans un champ. Et que l’hirondelle, voyant cela, fit rassembler tous les oiseaux qu’elle put trouver et leur dit :
- Voyez-vous ce lin qui est semé ici ? Il sera le motif de notre mort. Efforcez-vous de détruire la semence avant qu’elle naisse, car ce paysan veut faire de ce lin des filets et des lacets pour nous attraper ; je le sais parce que je dors dans sa maison et que, comme il ne fait pas attention à moi, je l’ai entendu le dire.
Et les autres oiseaux la prirent pour une folle et se moquèrent d’elle.
Après quelque temps, le lin se mit à pousser. Et l’hirondelle rappela les oiseaux et leur dit que, puisqu’ils n’avaient pas voulu manger la semence, ils devaient à toute force écraser les pousses avec leurs pattes avant qu’elles ne croissent davantage. Et les autres oiseaux se moquèrent d’elle à nouveau et refusèrent de le faire.
Lorsque le lin fut grand, le laboureur en fit des filets et des lacets et attrapa beaucoup d’oiseaux. Alors ceux-ci se souvinrent du conseil de l’hirondelle et dirent :
- Malheureux que nous sommes ! Nous n’avons pas voulu croire le bon conseil de l’hirondelle !
Dans ce conte le sage nous enseigne que nous serons prévenus du temps qui viendra et que nous ne devons mépriser le bon conseil de quiconque, aussi petit fût-il ; et aussi que nous ne devons jamais être sûrs de ce qui est dangereux ou inoffensif, car ceux qui sont trop confiants se trompent quelquefois.

Fable XLVIII du manuscrit Fabulae Aesopi in linga lusitana, publié par José Leite de Vasconcelos dans la Revista Lusitana, vol. VIII et IX (1903-1906)

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Afonso Henriques : dom Soleima

Posté : 10 octobre, 2008 @ 9:22 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | Pas de commentaires »

Afonso Henriques : dom Soleima dans - moyen âge/ XVIème siècle afonso10

(www.aac.uc.pt)

On dit au Pape que le Roi Afonso du Portugal retenait sa mère prisonnière, et qu’il ne voulait pas la libérer ; et il lui envoya dire par l’évêque de Coimbra de libérer sa mère, et que s’il ne voulait pas le faire il l’excommunierait. Et le Roi dit qu’il ne la libérerait pour aucun homme, encore moins pour le Pape. Et l’évêque excommunia sa terre et s’enfuit de nuit. Et tôt le lendemain on dit au roi comment l’évêque avait excommunié le pays et s’était enfui. Le Roi s’en fut aussitôt à la cathédrale et appela tous les chanoines dans le cloître et leur dit de nommer parmi eux un évêque. Et ils lui dirent qu’ils ne le feraient pas car ils avaient un évêque. Le Roi leur dit que celui dont ils parlaient ne serait plus jamais évêque de tous les jours de sa vie. Et voyant qu’ils ne voulaient pas faire ce qu’il leur commandait, il les fit tous bannir de sa terre. Comme le Roi sortait du cloître, il vit venir un clerc qui était très noir de peau et lui demanda son nom ; et le clerc lui répondit qu’il avait nom Martinho. Le Roi, parce qu’il le voyait aussi noir, lui demanda le nom de son père, et il lui répondit qu’il s’appelait Soleima. Alors le Roi lui demanda s’il était un bon clerc et s’il connaissait bien l’office de l’église. Et Martinho lui dit :
« Sire, il n’y a en pas en Espagne deux qui le connussent mieux que moi. »
Et le Roi lui dit alors : « Tu seras l’évêque dom Soleima, et prépare-toi sur l’heure à me dire une messe. »
Le clerc lui répondit : « Je ne suis pas encore ordonné évêque pour pouvoir vous la dire. »
Et le Roi lui dit alors : « Je t’ordonne de me dire la messe sinon je te couperai la tête avec cette épée. »
Et le clerc pris de peur revêtit les parements et célébra l’office. Et cette histoire se sut à Rome et on pensa que le Roi était hérétique. Et le Pape lui envoya un cardinal qui lui montrât la foi.

(Crónicas Breves de Santa Cruz de Coimbra.)

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La geste d’Afonso Henriques

Posté : 27 septembre, 2008 @ 9:04 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 6 commentaires »

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Afonso Henriques

Le comte dom Henrique livra maints combats contre des Maures et des Léonais. Ce comte dom Henrique mourut à Astorga, qui était sienne, et il avait alors assigné la ville de Léon qui, si au bout de quatre mois l’empereur ne venait pas la secourir, serait sienne avec ses conquêtes. Mais il mourut au cours de ce délai de quatre mois. Quand il mourut à Astorga, il appela son fils dom Afonso Henriques et lui dit : « Fils, toute cette terre que je te laisse d’Astorga à Coimbra, n’en perds pas un seul empan, car je l’ai gagnée à grand peine. Et, fils, prends un peu de mon coeur, pour être vaillant et compagnon des gentilshommes, et donne-leur toutes leurs soldes. Et aux Conseils, rends-leur honneur, de sorte qu’ils aient tous leurs droits, aussi bien les grands que les petits. Et fais toujours justice et garde en elle une foi sans faille, car si un jour tu cesses de faire justice d’un empan, sitôt le lendemain elle s’éloignera de toi d’une brasse, et de ton cœur. Et donc, mon fils, aies toujours la justice en ton cœur et tu auras Dieu et les gens. Et ne consens en aucune manière que tes hommes soient orgueilleux ou effrontés, ni qu’ils fassent du mal à quiconque, ni qu’ils médisent, car tu perdrais ton bon prestige si tu ne le défendais pas. Et appelle maintenant ceux d’Astorga et je te ferai recevoir l’hommage de la ville. Et retourne-t-en aussitôt, et ne m’accompagne pas au delà de la sortie de la ville, ainsi tu ne la perdras pas car d’ici tu conquerras tout ce qui est plus loin. Et je commande à mes vassaux qu’ils aillent m’enterrer à Santa Maria de Braga, que j’ai peuplée ».

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Henri de Bourgogne et Dona Teresa (Musée de la marine, Lisbonne)

Le comte dom Henrique mourut et ils se préparèrent tous à l’emmener. Et dom Afonso Henriques demanda aux vassaux s’il devait aller avec son père à Braga et ils lui dirent d’y aller et de ne pas s’inquiéter pour la terre. Et il alla enterrer son père à Braga et, pendant qu’il était allé l’enterrer, ils lui prirent toute la terre de Léon qu’il tenait pour sienne, mais ils ne lui prirent pas la Galice, car ils ne le purent pas. Après cela il fit envoyer un défi à l’empereur et lui rendit son amour, et s’en retourna aussitôt au Portugal, et il ne trouva pas d’endroit où se réfugier, car toute la terre s’était soulevée contre lui avec sa mère. Et celle-ci avait épousé le comte dom Fernando de Trastamar qui était en ce temps-là le meilleur homme d’Espagne qui ne fût pas roi. Afonso Henriques vola deux châteaux à sa mère : l’un était Nenha et l’autre le château de Feira, qui est en terre de Santa Maria ; et avec ces [deux châteaux] il livra une guerre très dure à son parâtre.
Et le comte D. Fernando dit : « Afonso Henriques, ne poursuivons pas ce combat. Battons-nous une journée, et soit ce sera nous qui partirons, soit vous. »

Afonso Henriques répondit alors : « Cela ne devrait pas plaire à Dieu, car vous voulez m’arracher à la terre de mon père ».

Et sa mère dit alors : « Mienne est la terre et mienne elle sera, car mon père, le roi dom Afonso, me l’a laissée ».

Et le comte lui dit à elle : « Ne parlons plus de cela : soit nous vaincrons soit nous laisserons la terre à votre fils, s’il est plus puissant que nous ».

Et ils convinrent que la bataille serait à Guimarães.

Et la reine dit : « Comte, avec vous je veux entrer dans la bataille, et je serai à vos côté dans la bataille et vous devrez le faire pour l’amour de moi. Et de toute manière prenez Afonso Henriques, mon fils, car vous êtes plus puissant que lui ».
La bataille eut lieu à Guimarães et Afonso Henriques fut défait et fort maltraité. Et, comme il allait à une lieue de Guimarães il rencontra Soeiro Mendez, qui venait à son aide, et lui dit : « Que se passe-t-il ? où allez-vous comme ça, Seigneur ? »

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Voyage retour

Posté : 23 septembre, 2008 @ 9:41 dans - époque contemporaine, - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 4 commentaires »

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L’île de Santa Maria (Açores)

Qui était réellement Christophe Colomb, et surtout, pourquoi, pour qui, a-t-il découvert l’Amérique ?
L’histoire officielle nous dit qu’il était génois, qu’il est arrivé au Portugal (à la nage,lors d’une tempête !) en 1474, y a épousé Filipa Moniz Perestrelo, fille du navigateur Bartholomé Perestrelo, dont il a eu un fils, Diogo, et y a vécu dix ans, plus précisément dans l’île de Madère.
En 1483, il propose au roi Dom Joao II du Portugal, successeur de Dom Dinis (le troubadour amis des Templiers et fondateur de l’Ordre du Christ), de trouver la route des Indes en navigant vers l’Ouest. Celui-ci refuse, car tout en sachant que c’est possible parce que la Terre est ronde, il pense que le voyage serait beaucoup trop long.
Après la mort de sa femme, Colomb part pour l’Espagne offrir ses services aux Rois Catholiques, Isabelle et Ferdinand. L’idée est soumise à une commission de sages d’un Collège dominicain, qui met quatre ans pour conclure que c’est irréalisable, vu que la terre est plate. En 1488, Colomb retourne au Portugal pour renouveler sa proposition, mais il assiste à Lisbonne à l’arrivée de Bartolomeu Dias, qui vient de passer le Cap de Bonne Espérance, dernier obstacle pour parvenir aux Indes en contournant l’Afrique. Dom Joao II n’a donc plus besoin de lui. Il retourne en Espagne, où il s’est marié avec Beatriz de Arana. En 1492, les derniers Maures se rendent à Grenade, et dans l’euphorie de la victoire, la reine Isabelle lui donne le feu vert.

 

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Tomar

Posté : 21 septembre, 2008 @ 9:21 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Fenêtre du chapitre du Couvent du Christ

En 1312, l’ordre du Temple a été supprimé dans la plupart des pays d’Europe. Au Portugal, le roi Dom Dinis (le troubadour) a opéré la substitution de la raison sociale en 1320, dissout l’Ordre du Temple et créé l’Ordre du Christ avec les mêmes membres; il leur a fait don des capitaux confisqués aux Templiers. (entre de nombreuses autres oeuvres, ce roi a fait remplacer les pins cultivés de la pinède de Leiria par des pins sauvages, plus forts et à croissance plus rapide, dont le bois servirait plus tard à la fabrication des caravelles). L’Ordre du Christ s’est installé à Tomar, qui est devenue son siège social, en 1357. Henri le Navigateur en a été l’un des plus grands maître, de 1417 à sa mort en 1460. C’est lui qui a, en rassemblant et en étudiant les cartes établies par les marins, donné l’impulsion aux grandes découvertes. Vasco da Gama était chevalier de l’Ordre. Dom Manuel est devenu maître de l’Ordre en 1484 et roi en 1492.

« Le Pape fit savoir par sa Bulle cette condamnation, et ses causes, au Roi Dom Dínis, et avec une démonstration de grands sentiments il ordonna qu’il fît aussitôt arrêter dans tous ses Royaumes tous les prêtres dudit Ordre, et les remît aux évêques [...] afin qu’ils fussent interrogés, [...] et qu’ils subissent un juste châtiment, et que ceux qui confesseraient leurs crimes, et s’en repentiraient, fussent acceptés en pieux pardon, et que l’on prît tous leurs biens, leurs terres s’ils en avaient, jusqu’à ce qu’on déterminât au Concile Général ce que l’on en ferait, ce qui fut notifié par le Roi de France au Roi de Castille, et au Roi Dom Dínis,
[...]
et en même temps avant la décision le Roi Dom Dínis eut pour lui tous les loyers des biens, et leur propriété, et les convertit en ce qui lui sembla être le service de Dieu, et le bien de son Royaume, [...]
et il trouva bien que l’on créât le nouvel ordre de Chevalerie du Christ, [...] et que lesdits biens, et propriétés desdits Templiers, leur fussent attribués pour toujours.
[...]
Et ainsi fut fait, établi, et déclaré le nouvel Ordre du Christ, et le premier maître en fut Dom Frei Gil Martins, qui était alors Maître d’Avis, et ceci, dans ladite Ville de Santarém au mois de mai 1320, douze ans après que ledit Ordre du Temple eut été détruit [...]
Le Roi Dom Dínis recueillit pour lui les loyers de l’Ordre du Temple comme nous l’avons dit, et il en donna de solennelles justifications, et la fondation par le nouveau Maître de l’Ordre du Christ fut autorisée pour des raisons qui semblaient assez justes, et assez honnêtes, en en compensation il donna à l’Ordre le château de Castro Marim, où fut d’abord ordonné leur couvent, et plus tard ils partirent s’établir à Tomar, où était le Couvent de l’Ordre du Temple. »

Crónica d’El-Rei D.Diniz (Vol. II)

Sur le plan décoratif, le style manuélin se caractérise par une expression exubérante de la nature, aux motifs réalistes. L’exotisme des représentations d’animaux, de fleurs et d’êtres humains étranges, n’apparaît qu’épisodiquement. L’inspiration est quelquefois ultramarine, les éléments nouveaux faisant partie de la découverte du nouveau monde. Autre particularité de ce style, on ne le trouve souvent qu’en tant qu’ornement des portes et des fenêtres d’un bâtiment aux murs nus par ailleurs.

 

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Porte de l’église de Monchique

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Motif repris sur azulejos (Lourdes Sério, 1997)

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détail

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Villanelle

Posté : 18 juillet, 2008 @ 8:53 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 2 commentaires »

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Statue du poète idéal

*

Entre moi-même et moi,
ne sais ce qui se dressa,
tant je suis mon ennemi.

Un moment en grande erreur
je vécus avec moi-même,
lors dans le pire danger
se montre à moi le malheur.

La déception coûte cher,
mais elle ne me tua pas,
aussi cher qu’elle me coûtât !

Je me fis autre à moi-même,
entre chagrin et chagrin,
un malheur se déversa,
qui par grand malheur me vint.

Douleur neuve, crainte neuve,
fut celle qui me saisit ;
elle me tient, me voici.

Bernardim Ribeiro, « Entre mim mesmo e mim » (Cancioneiro Geral de Garcia de Resende, CCXIv.°, 1516)

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Ah, ces Provençaux !

Posté : 9 juillet, 2008 @ 7:43 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 2 commentaires »

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Les Provençaux sont bons trouveurs,
et, disent-ils, c’est l’amour qui les guide,
mais ils ne trouvent qu’au temps des fleurs
et pas aux autres, et je sais bien
qu’ils n’ont pas tant d’amour en leur coeur
que celui que j’ai pour ma Dame.

Bien qu’ils trouvent et sachent louer
leur Dame du mieux et du meilleur
qu’ils peuvent, ils savent bien
que ceux qui trouvent à la saison des fleurs
et pas avant, Dieu me pardonne,
n’ont si grand amour que le mien.

Celui qui trouve et se met en joie
seulement au temps où les fleurs
ont des couleurs, et quand s’en va
ce temps, de raison de trouver
n’a plus, ne connaît pas la perdition
que je vis aujourd’hui, et qui va me tuer.

Dom Dinis de Portugal, (1261-1325)

Proençaes soen mui ben trobar
E dizen eles que é con amor,
Mays os que troban eno tempo da flor
E non en outro sey eu ben que non
An tan gran coyta no seu coraçon
Qual m’eu por mha senhor vejo levar.

Pero que troban e saben loar
Sas senhores o mays e o melhor
Que eles poden, são sabedor
Que os que troban, quand’a frol sazon
À, e non ante, se Deus mi perdon,
Non an tal coyta qual eu ey sen par.

Ca os que troban e que s’alegrar
Van eno tempo que tem a color
A frol consigu’e, tanto, que se fôr
Aquel tempo, logo en trobar razon
Non an, non viven qual perdiçon
Oj ‘eu vivo, que poys m’à de matar.

(CV 127-CBN 489)

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