Lusopholie

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Archive pour la catégorie '- moyen âge/ XVIème siècle'

Montemor

Posté : 2 juillet, 2008 @ 7:10 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 2 commentaires »

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Château de Montemor

Toi, qui viens de Monte Mayor
toi, qui viens de Monte Mayor,
dis-moi un mot de ma senhor,
dis-moi un mot de ma senhor,

car, si de ses nouvelles je n’ai
triste et malheureux je serai ;
et grand péché elle fera
si elle ne m’aide pas.
Je suis né sous telle lune
que, pour mon malheur !
c’est en vain que je l’aime
et elle ne m’aime pas !

Toi, qui viens de voir ses yeux,
toi, qui viens de voir ses yeux,
dis-moi un mot d’elle, par Dieu,
dis-moi un mot d’elle, par Dieu,
car, si de ses nouvelles je n’ai
triste et malheureux je serai ;
et grand péché elle fera
si elle ne m’aide pas.

Je suis né sous telle lune
que, pour mon malheur !
c’est en vain que je l’aime
et qu’elle ne m’aime pas !

*****

Tu, que ora vêes de Monte Mayor

tu, que ora vêes de Monte Mayor
digas-me mandado de mha senhor,
digas-me mandado de mha senhor,

ca, se eu seu mandado
non vir, trist’e cuitado
serei; e gran pecado
fara, se non me val.
Ca en tal ora nado
foi que, mâs pecado!
Amo-a endoâdo,
E nunca end’ouvi al!

Tu, que ora viste os olhos seos,
tu, que ora viste os olhos seos,
digas-me mandado d’ela, por Deos,
digas-me mandado d’ela, por Deos,

ca, se eu seu se mandado…

Gil Sanchez (fils « bâtard » de D. Sancho I, mort en 1236)

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saudade

Posté : 25 juin, 2008 @ 12:34 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 2 commentaires »

 

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Je choisis pour mon contentement (s’il en existe un dans la tristesse et les chagrins) de venir vivre sur cette hauteur où le lieu et l’absence de commerce avec les humains convinssent à mon malheur, car cela eût été une grave erreur, après toutes les peines que j’avais eues, de me risquer à espérer du monde le repos qu’il n’a donné à personne. J’étais ainsi seule, si loin de tout le monde et encore plus de moi-même, là où je ne vois rien d’autre que des montagnes qui jamais ne changent, d’un côté, et de l’autre la mer dont les eaux ne sont jamais calmes, où je croyais déjà que j’oubliais la malchance parce qu’elle et moi, avec tout le pouvoir dont nous étions toutes deux capables, nous ne laissions en moi rien en quoi puisse trouver place un nouveau chagrin. Car il y avait longtemps que la tristesse occupait la place, non sans raison. Mais il semble que les malheurs sont remplacés par d’autres malheurs, alors que le bien ne l’était pas par un autre bien. Et ce fut ainsi que, destin étrange, je fus emmenée dans un lieu où me furent représentées devant les yeux, dans des histoires qui ne me concernaient pas, toutes mes angoisses. Et mon sens de l’ouïe ne fut pas épargné par la douleur.
Là, je compris alors, par la pitié que j’eus d’autrui, que j’aurais dû en avoir autant pour moi-même, si je n’avais pas été excessivement plus amie de ma douleur qu’il semble que le fut de moi celui à qui je la dois. Mais grande est la cause de ma tristesse, car aucun malheur ne m’arriva que je ne l’eus cherché. De là m’apparut que cette situation nouvelle dans laquelle je me vois à présent, je commençais déjà à y aspirer lorsque ce pays, où cela m’arriva, m’agréa plus que tout autre pour y venir finir le peu de jours que je croyais qu’il me restait à vivre. Mais en cela, comme en d’autres choses, je me suis également trompée, car cela fait maintenant deux ans que je suis ici, et je ne peux même pas déterminer quand m’attend mon heure dernière. Elle ne peut déjà plus tarder.

Bernardim Ribeiro, Mémoires d’une jeune fille triste (Menina e Moça), Phébus, 2003

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Chanson d’ami (variation 2)

Posté : 28 mai, 2008 @ 6:54 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 2 commentaires »

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*

Hautes vagues qui venez sur la mer
Que le vent fait çà et là s’agiter
De mon ami des nouvelles savez
Qui traversa ? ne le vois retourner.

Et, oh, Dieu, l’amour
Tantôt me donne joie et d’autres fois douleur !

Douce brise qui vient de là-bas
Où mon ami dort, et reste, et repose,
Apporte-moi une bouffée de son haleine !
Ma bouche s’ouvre du désir que j’en ai.

Et, oh, Dieu, l’amour
Tantôt me donne joie et d’autres fois douleur !

Cela fait mal d’aimer un vassal étranger
Car en pleurs se changent et les joies et les rires,
Jamais je n’ai cru que mon ami m’avait trahi
Car je lui ai donné ce qu’il m’a demandé.

Et, oh, Dieu, l’amour
Tantôt me donne joie et d’autres fois douleur !

(traduit de l’occitan)

Raimbaut de Vaqueiras, (1180-1205?) , Nautas ondas que venetz sus la mar

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Requête

Posté : 12 décembre, 2007 @ 7:00 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | Pas de commentaires »

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«Ô très honorable, discret, sage, estimé et redouté Seigneur de Ceuta, comte Dom Ilham, monsieur mon père, moi, Alataba, votre fille déshonorée, je me recommande de qui, à qui et par qui est le véritable commandement de toutes les choses. La fille déshonorée est celle du bon père. Je vous baise les mains et je veux que vous sachiez, monsieur mon père, que, pensant m’avoir envoyée à la cour du roi Rodrigue pour votre plus grand honneur et mon grand privilège, c’est le contraire qui s’est produit, car vous avez fait ma perte et votre déshonneur : le roi Rodrigo, bien que contre mon gré et pour son plaisir, a couché avec moi. C’est pourquoi je vous prie, monsieur, au nom de Dieu et de la pitié, de m’envoyer chercher ; sinon, croyez bien que je prendrai ma vie de ma propre main, car je préférerais mourir cent fois que demeurer un jour de plus chez le roi Rodrigo. C’est pourquoi, monsieur mon père, je ne vous enverrai pas d’autre requête ; mais, si vous tenez à ma vie, envoyez-moi chercher, car si je ne voyais ma mère, certainement je ne voudrais plus vivre.»

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La mort du rossignol

Posté : 21 octobre, 2007 @ 8:00 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 2 commentaires »

 

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La mort du rossignol dans - moyen âge/ XVIème siècle holbei10

Hans Holbein le jeune, Portrait d’Elsbeth Binsenstock… (détail), 1528

Comme j’étais ainsi à regarder où courait l’eau, je sentis bouger la forêt. Je crus à quelque danger, et la peur me saisit, mais regardant par là, je vis que venait une femme, et, posant mes yeux sur elle attentivement, je vis qu’elle était grande, bien faite, avec un visage de dame, de dame du temps jadis.
Toute de noir vêtue, avec sa démarche tranquille et les manières assurées de son corps, de son visage et de son regard, elle semblait digne de respect. Elle s’avançait seule, en apparence si songeuse qu’elle n’écartait pas les branches, sinon quand elles lui barraient le chemin ou lui blessaient le visage. Elle posait ses pieds dans les fraîches herbes, le bas de sa robe traînant sur elles. Et entre quelques pas lents qu’elle faisait, de temps en temps elle reprenait son souffle fatigué, comme si son âme voulait la quitter. Lorsqu’elle arriva près de moi, qu’elle me vit, joignant les mains à la manière d’une femme qui a peur, un instant elle s’arrêta comme si elle avait vu une chose inhabituelle, et moi aussi je me tenais ainsi, non parce que j’avais peur, car son aspect agréable me rendit tout de suite la chose impossible, mais parce qu’il était nouveau pour moi de voir là quelqu’un, alors que je parcourais depuis longtemps, pour mon malheur, ce lieu et toutes ces berges.
Elle ne resta pas longtemps ainsi, car il semble que me voyant aussi telle que j’étais, de bonne manière :
- C’est grande merveille, commença-t-elle en s’adressant à moi, de voir une demoiselle dans ce lieu désert, depuis que mon grand malheur a enlevé au monde mon…
Et, après un long moment, la voix déjà mêlée de larmes, elle prononça :
- fils.
Et puis, tirant de sa manche un mouchoir, elle commença à s’essuyer le visage en s’approchant de l’endroit où j’étais. Et je me levai alors, faisant preuve à son égard de cette courtoisie à laquelle la sienne propre et son apparence m’obligeaient. Et elle :

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Chansons d’ami (variation 1)

Posté : 1 octobre, 2007 @ 8:05 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | Pas de commentaires »

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*

Par Dieu, que je suis triste,
car mon ami ne vient,
s’il ne vient, que ferai-je?
Mes cheveux, de rubans,
je ne vous lierez pas.

Ne revient de Castille,
ou il est mort- ah, malheureuse,
ou le roi le retient.
Mes coiffes de Navarre,
je ne les porterai.

Pourtant j’ai l’air heureuse,
donnez-moi un conseil,
mes amies, que ferai-je?
En vous, ô mon miroir,
ne me regarderai.

Pêro Gonsalves de Porto-Carreiro, 1250 ? (CV 505/CBN 918)

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Découverte

Posté : 26 septembre, 2007 @ 1:50 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Découverte dans - moyen âge/ XVIème siècle p42vol4

Armada de Pedro Alvares Cabral

Le samedi [25 avril 1500] au matin, le Capitaine général [Pedro Alvares Cabral] nous demanda de mettre à la voile et nous nous avançâmes par le chenal, qui est très large et très profond, de six ou sept brasses. Tous les vaisseaux purent passer et vinrent jeter l’ancre par cinq ou six brasses de fond, dans un mouillage si grand, si beau et si sûr que deux cents navires et vaisseaux auraient pu y tenir.
Dès que les vaisseaux furent à l’ancre, leurs capitaines se réunirent sur le navire amiral. Le Capitaine général ordonna à Nicolau Coelho et à Bartolomeu Dias d’aller à terre, d’y conduire les deux hommes et de les y laisser avec leurs arcs et leurs flèches. On donna à chacun d’eux une chemise neuve, un bonnet rouge et un rosaire fait de gros grains blancs en os, qu’ils emportèrent ainsi qu’un grelot et une clochette. Le Capitaine envoya en leur compagnie, pour qu’il reste parmi eux, un jeune proscrit, valet de Dom João Telo, du nom d’Afonso Ribeiro; il devait aller avec eux pour s’enquérir de leur mode de vie et coutumes. Le Capitaine me demanda d’accompagner Nicolau Coelho. Ainsi nous piquâmes droit vers la plage; et là apparurent soudain quelque chose comme deux cents hommes, tout nus, tenant arcs et flèches à la main. Ceux qui venaient avec nous leur firent signe de se reculer et de déposer leurs arcs; ce qu’ils firent, sans pour autant se tenir beaucoup en retrait. Dès que ceux-ci eurent déposé leurs arcs, ceux qui étaient avec nous s’enfuirent, et le proscrit avec eux, sans qu’aucun d’eux ne se retournât: c’était à qui courrait le plus vite. Ils traversèrent un fleuve d’eau douce qui coule par-là, dont l’eau, abondante, leur arrivait jusqu’à la taille. Nombreux furent ceux qui les suivirent. Ils coururent jusqu’à un bois de palmiers, où d’autres les attendaient, et ils s’arrêtèrent en cet endroit.

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Chronique, suite: du caractère

Posté : 15 juillet, 2007 @ 4:11 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | Pas de commentaires »

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On dit au Pape que le Roi Afonso du Portugal retenait sa mère prisonnière, et qu’il ne voulait pas la libérer ; et il lui envoya dire par l’évêque de Coimbra de libérer sa mère, et que s’il ne voulait pas le faire il l’excommunierait. Et le Roi dit qu’il ne la libérerait pour aucun homme, encore moins pour le Pape. Et l’évêque excommunia sa terre et s’enfuit de nuit. Et tôt le lendemain on dit au roi comment l’évêque avait excommunié la terre et s’était enfui. Le Roi s’en fut aussitôt à la cathédrale et appela tous les chanoines dans le cloître et leur dit de nommer parmi eux un évêque. Et ils lui dirent qu’ils ne le feraient pas car ils avaient un évêque. Le Roi leur dit que celui dont ils parlaient ne serait plus jamais évêque de tous les jours de sa vie. Et voyant qu’ils ne voulaient pas faire ce qu’il leur commandait, il les fit tous bannir de sa terre. Comme le Roi sortait du cloître, il vit venir un clerc qui était très noir de couleur et lui demanda son nom ; et le clerc lui répondit qu’il avait nom Martinho. Le Roi, parce qu’il le voyait aussi noir, lui demanda le nom de son père, et il lui répondit qu’il avait nom Soleima. Et le Roi lui demanda s’il était un bon clerc ou s’il connaissait bien l’office de l’église. Et il lui dit :
« Sire, il n’y a en pas en Espagne deux qui le connussent mieux que moi. »
Et le Roi lui dit alors : « Tu seras l’évêque dom Soleima, et prépare-toi sur l’heure à me dire une messe. »
Le clerc lui répondit: « Je ne suis pas encore ordonné évêque, pour pouvoir vous la dire. »
Et le Roi lui dit alors: « Je t’ordonne de me dire la messe sinon je te couperai la tête avec cette épée. »
Et le clerc, pris de peur, revêtit les parements et célébra l’office. Et cette histoire se sut à Rome et on pensa qu’il était hérétique. Et le Pape envoya au Roi un cardinal qui lui montrât la foi.

Extrait de A Crónica geral de Espanha de 1344, in Crónicas Breves de Santa Cruz de Coimbra, fonds, manuscrits du monastère de Santa Cruz de Coimbra, conservés depuis 1834 par la Bibliothèque de Porto.

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