Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour la catégorie 'littérature et culture'

Tentation

Posté : 8 mars, 2011 @ 9:26 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

Tentation dans - époque contemporaine schlafwandlerin_hi

Gustave Courbet, La somnambule

- Vous voulez voir, monsieur Emanuel ? demanda Laurinda, en sortant la photographie d’un sac en plastique. C’est cette mauvaise, vous voyez ? Alors, dites-moi : est-ce qu’elle a l’air d’une somnambule ?
- Ah, fit Emanuel en regardant la photographie. C’est bien ce que je pensais. C’est La Somnambule de Courbet. Regardez, c’est écrit ici, Laurinda, dit-il pointant son doigt sur le coin inférieur gauche. G. Courbet. Ça se lit bien, la photographie est super-nette. Le G, c’est pour Gustave, en portugais Gustavo, vous comprenez ?
- Bon. C’est en rouge, monsieur Emanuel ! Remarquez bien que c’est en rouge que c’est écrit.
- Et alors ? demanda Emanuel, étonné, en regardant Laurinda. Il signait souvent en rouge.
- Encore mieux, monsieur Emanuel. Il n’y a que celui dont on ne dit pas le nom qui écrit en rouge… le Démon, voilà ! ajouta Laurinda, contrariée. Et ce qu’il fait, c’est tenter de nous détourner de la voie de Dieu. Il nous pousse à avoir peur pour nous tenter, je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

Ana Nobre de Gusmão, Aves do Paraíso, Asa, 1997

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Taco a taco

Posté : 7 mars, 2011 @ 5:11 dans - époque contemporaine, littérature et culture, musique et chansons, Poesie | Pas de commentaires »

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Amélia Muge, Taco a taco

 

Poète et jongleuse de mots et de sons, à la gestuelle particulière qui évoque son enfance africaine, Amélia Muge nous séduit par ses mélodies et nous emporte dans un voyage unique.

La parole et la musique

Posté : 4 mars, 2011 @ 8:30 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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José Saramago parle de sa ponctuation.

mission

Posté : 3 mars, 2011 @ 9:10 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

lepreux.jpg

– João Lourenço, le service que j’ai envoyé Fernand Alvares vous demander (mais je vois qu’il m’a laissé cette tâche) était que vous veniez avec moi à Ulgueira pour aller chercher un lépreux. C’est le devoir de l’Hospice, à qui appartient la léproserie, d’aller le voir et de l’interner, afin qu’il ne puisse nuire aux autres. C’est pour cela que le prévôt doit le voir, ainsi que le scribe, pour lui explique le règlement et le conduire à la léproserie.
- Je sais. C’est cela, alors, que vous attendez de moi.
- Est-ce que cela vous dérange ? J’avais pressenti qu’il ne vous expliquerait pas, et que par conséquent…
J’ai essuyé la poussière sur ma manche.
- Si cela me dérange ? Disons que oui. Mais cela ne me trouble pas. Il est sûr que je préfèrerais ne pas le faire, pas plus que je ne désirerais attraper la lèpre.
- Que ceci ne vous inquiète pas. J’ai déjà vu beaucoup de lépreux, je suis allé maintes fois à la léproserie, et le mal ne m’a jamais atteint, pas plus que le scribe, ni les gens qui s’occupent d’eux à Saint Pierre. Je me demande parfois la raison de tant de dégoût et de tant de peur, puisque même le bisaïeul de Monseigneur le Roi qui gouverne en ce moment le royaume était aussi lépreux, à ce qu’il paraît, d’après ce que racontent les anciens. Cela ne l’a pas empêché d’avoir plusieurs enfants, dont deux ont été rois. Non, décidément, ne vous inquiétez pas. Quant à l’après-midi que nous perdons, elle vous sera payée, comme nous le devons chaque fois que nous faisons perdre du temps à un tabellion

(more…)

Y’a plus qu’à …

Posté : 2 mars, 2011 @ 8:32 dans littérature et culture, musique et chansons, Poesie | Pas de commentaires »

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José Afonso, O que faz falta

Un exemple du talent de Zeca à mêler la musique portugaise et les rythmes africains après les années passées au Mozambique. Album « Coro dos Tribunais » de 1972.

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réalisme

Posté : 28 février, 2011 @ 8:22 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 2 commentaires »

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Il tremblait entièrement – je ne sais si c’était de peur ou de surprise. Je lui tendis un livre et je cherchai à le calmer :
- Appuie-toi sur cette prose, elle est plus solide.
Mais il n’entendit pas et poursuivit :
- Ce chien était un rêve en chair et en os, non, un chien basé sur des faits réels.
- Il bougeait ? Il était vivant ?
- Pour bouger, il bougeait. Il a même essayé de me mordre. Mais ça ne voulait pas dire qu’il était vivant. « Basé sur des faits réels », c’est comme ça qu’ils me l’ont présenté.
- Alors c’est évident qu’un chien quelconque, pardon, quelqu’un a tiré ce chien d’une fiction, d’un roman ou d’une simple nouvelle.
- Non, ça non. Il s’en est fallu d’un cheveu qu’il ne me morde.
- C’est ça – ces chiens, ces prosateurs, dis-je, créent des chiens plus féroces que les professionnels et ils nous les lâchent dessus sans prévenir et sans le moindre sens des responsabilités. Et il flairait, il examinait l’atmosphère ?
- Non, ces chiens-là suivent une autre méthode, ils sont tout ouie, ils suivent la voix de leur maître, de leur créateur.
- De Notre Seigneur ?
- Non, de leur seigneur à eux. C’était une voix de chien. Comme ça : … Je n’arrive pas à la reproduire. Qui est-ce qui peut reproduire un truc basé sur des faits réels ?
Ses poils se sont dressés, il a poussé un hurlement, il a avancé et il a essayé de me mordre, et il n’est pas arrivé à reproduire – ce n’était pas un chien en chair et en os mais seulement un chien en âme.
Je lui ai donné un coup de pied que je ne parviens pas à reproduire ici.

Dimíter Ánguelov, Partida incessante, Nova Ática, 2001

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Excès d’imagination

Posté : 26 février, 2011 @ 8:00 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 6 commentaires »

Excès d'imagination dans - époque contemporaine dimite10 

 Parque das Merendas, Photographie Dimíter Ánguelov

- Je vois un visage, une bague, une rayure sur le capot  de la voiture et je transforme ça aussitôt en histoire. Jusqu’à un simple point final. Un excès d’imagination qui ne me laisse pas de repos.
- C’est de la folie, dis-je. L’imagination ne fait jamais d’excès. Même pas chez les fous.
- Et la folie ? Ce n’est pas un excès ?
- Les fous n’inventent pas d’histoires. Ou, s’ils en inventent, ils ne le savent pas. Pour eux tout est réel.
- Pour moi tout est fiction. Même la poésie. La musique aussi. Même cette conversation que nous avons me paraît être une histoire. Regardez cet arbre. Ce n’est pas un pommier, et il n’est pas en fleur. N’imaginez pas que vous voyez ce dont je suis en train de parler. Mais moi, quand j’observe une seule fleur de pommier, ça me rappelle toutes les fleurs de tous les pommiers possibles. Et je vais plus loin. Je me souviens de tous les gens qui ont vu des fleurs de pommier. Je sais pourtant qu’aucun de ces pommiers n’est réel. Il n’y a que les fleurs. Ou, si vous voulez, les sentiments…
- Oubliez votre enfance… on ne peut pas retrouver l’enfance. Ni les pommiers. Ni les noyers. Pensez à la vieillesse !
- Si j’oublie mon enfance, j’oublie tout. Tout est lié.
- Otez-vous cette idée de la tête. Vous n’avez qu’une seule possibilité : atteindre la vieillesse. Jamais l’enfance. C’est pour ça que les gens disent : « il est mort de vieillesse » et jamais « il est mort de jeunesse ». Retrouvez cette possibilité. Je répète : faites une croix sur votre enfance. Une grande. Vous avez besoin de temps pour vieillir ! N’oubliez pas.
- Où vais-je trouver une telle croix ? demanda-t-il, s’adressant à quelqu’un d’invisible mais d’omniprésent.
Je l’ai laissé appuyé au dossier d’un banc la tête levée, en train de regarder les arbres. Des arbres aux frondaisons immenses qui dissimulaient d’innombrables croix, mais aucune de la taille de celle qu’il recherchait.

Dimíter Ánguelov, Furacão no labirinto, Europa-América, 1996

L’aventure d’Avalor

Posté : 22 février, 2011 @ 8:50 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 2 commentaires »

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Il fut alors certain d’avoir rejoint la terre, et bien que cette voix l’eût aussitôt ému de compassion, toutefois parce qu’il en portait en lui une autre plus grande qui alors le tenait plus encore, il s’imagina qu’il s’agissait de cette terre d’où il était parti, et se hâtant du mieux qu’il put, triste de lui-même et de son sort, il reprit les rames avec ces mains où déjà lors de ce voyage s’étaient tant de fois formées des ampoules, et où tant d’autres fois les ampoules s’étaient percées et s’étaient muées en sang. Mais pour autant qu’Avalor s’efforçât, il ne put jamais vaincre les vagues qui l’attiraient à terre, et elles s’étaient déjà, quand il reprit ses sens, rendues maîtresses de la barque, et lui ne le vit pas, tout occupé de lui-même et des rames ; il ne s’en aperçut que lorsqu’une haute vague, qui les couvrit d’écume lui et la barque, envoya celle-ci au milieu des écueils qui la brisèrent en plusieurs endroits.
- Dieu me vienne en aide ! disait-il.
Avec énergie, il s’agrippa à des rochers qui émergeaient un peu de la mer, et l’eau, avec un terrible vacarme, se répandit entre tous ces rochers, et une partie, se brisant contre cette roche haute, lança les gouttes d’eau de la mer vers le ciel, qui avec la force ou la réverbération de l’air, ou quoi que ce fût d’autre, éclairaient comme des chandelles, et à ce moment-là, en peu de temps toute cette eau retourna à la mer qui l’attendait, arrivant déjà du large en grossissant, comme si elle s’armait pour se venger de ces rochers qui troublaient ses eaux.

Bernardim Ribeiro, Menina e Moça, première édition Ferrare 1554

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