Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Salut, Nègre !

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture,Poesie — 21 décembre, 2010 @ 8:05

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Salut, Nègre ! […]
Les petits-enfants de tes métis de Blancs et de tes métis d’Indiens
et la quatrième et la cinquième génération de ton sang meurtri
tenteront d’effacer ta couleur !
Et les enfants de ces enfants, en effaçant ton tatouage exécré
n’effaceront pas de leurs âmes ton âme, Nègre !
Père-João, Mère-Noire, Fulô, Zumbi,
nègre fuyard, nègre captif, nègre rebelle,
nègre de Cabinda, nègre du Congo, nègre ioruba,
nègre envoyé au coton des Etats-Unis
à la canne du Brésil,
au joug, au collier de fer, à la cangue
de tous les maîtres du monde,

je comprends mieux encore ton blues,
à cette heure triste pour les Blancs, Nègre !
Salut, Nègre, Salut, Nègre !
Les Blancs qui te tuent se meurent d’ennui, Nègre !
[…]
Il ne suffit pas d’illuminer les nuits des Blancs avec tes airs de jazz,
tes danses et tes éclats de rire !
Salut, Nègre ! Le jour se lève !
Le jour se lève, ou c’est l’éclat de ton rire qui arrive ?
Salut, Nègre !
Salut, Nègre !

Jorge de Lima, (Nordeste), Poèmes Noirs, 1937.

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Coeur abandonné

Classé dans : - époque contemporaine,musique et chansons — 17 décembre, 2010 @ 9:52

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Meu coração abandonado, Viviane Parra (ex groupe Entre Aspas)

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Elle est si belle

Classé dans : - moyen âge/ XVIème siècle,littérature et culture,Poesie — 15 décembre, 2010 @ 8:09

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Très gracieuse est la demoiselle,
comme elle est belle et jolie !

 

Dis-le, toi, marin,
qui sur les nefs navigues,
si la nef, si la voile
si l’étoile est aussi belle !

 

Dis-le, toi, chevalier,
qui sous les armes vis,
si le cheval, si les armes,
si la guerre est aussi belle !

 

Dis-le, toi, petit pâtre,
qui gardes les troupeaux,
si le bétail, si les vallées,
si la sylve est aussi belle !

Gil Vicente, (v.1465 – 1536) in O Auto da síbila Cassandra, 1503

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Fado de l’étudiant

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Vasco Santana dans A Cançao de Lisboa (1933,premier film parlant portugais réalisé par Cotinelli Telmo)

 

Fado de l'étudiant dans - cinéma 220px-CancaodeLisboa

Bon droit

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 13 décembre, 2010 @ 8:01

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Il décida que ce terrain en friche était idéal pour ses honnêtes projets. Bon : en friche, pas vraiment, d’autant plus que le sol était parfaitement goudronné et qu’il avait dû traverser une clôture à moitié démolie pour y accéder, mais enfin…. Avec précaution, à pas irréguliers, il traça un carré hypothétique, en prenant le soin de signaler chacun de ses quatre coins avec des canettes de bière remplies de sable, qu’il avait apportées avec lui dans un sac en plastique en prévision. Il regarda le soleil déjà rouge qui descendait au loin sur la mer, et, par rapport à lui, il dessina avec des gestes apparemment rigoureux une ligne imaginaire à l’intérieur de l’espace défini. On commençait à voir clairement que le terrain n’était pas vraiment abandonné et que le seul qui était abandonné des dieux ici, c’était lui. Si c’était bien visible du côté de celui qui était désarmé, on imagine alors ce que ça pouvait être pour ceux qui étaient armés. Ils étaient sept et arrivaient tous règlementairement uniformisés avec un camouflage pour le désert et des armes légères à la main, baïonnette au canon. Quatre d’entre eux, les plus éloignés, se tenaient courbés en position d’attaque, pendant que les trois plus proches avançaient en rampant rapidement vers l’intrus, en une posture qui leur permettait de tirer à chaque instant. Le cercle se ferma en cinq clins d’œil, et l’homme parut sincèrement surpris de cette réception : Vous désirez quelque chose, camarades ? La réponse fut un embrouillamini de gestes et d’ordres contradictoires qui le firent se mettre au garde à vous immédiatement sans qu’il comprît bien pourquoi. Avec la pointe des baïonnettes, les trois premiers soldats le firent tourner sur son axe central, en le piquant légèrement aux poches, aux aisselles et au bas des jambes, à la recherche d’éventuels objets d’attaque. Ils semblèrent être rassurés, mais ne perdirent pas leur vivacité combative ni ne relâchèrent leurs expressions patibulaires : Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu sais pas que c’est une zone militaire ? L’homme regarda autour de lui, cette immense extension vide de terrain battu par de fortes rafales de vent, et prouva son innocence : Quand je suis arrivé, ça n’en était pas une ! Devant l’insistance des questions et surtout des menaces, renforcées par la présence des quatre soldats plus éloignés, il expliqua de mauvais gré : Je prends des mesures pour construire ma maison. Pourquoi ? C ‘est interdit ? Et il ajouta, pour faire disparaître tout doute plus obstiné : Ce sont mes droits de citoyen de la démocratie !

José Mena Abrantes (Angola) Caminhos des-encantados, Caminho, 2000

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Pas de miracle…

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 10 décembre, 2010 @ 4:57

Pas de miracle... dans - époque contemporaine mena+abrantes

 

 

 

Bleutée, comme seule une lune argentée sait la refléter, la lumière du soleil se déversait sur la terre, éclairant les formes de gens venus de nulle part et en route pour des destinations encore plus incertaines. Ils cheminaient ainsi depuis des jours, muets et obstinés, persuadés qu’il n’y avait que le mouvement pour assurer la survie de souvenirs qu’à cet instant ils désiraient surtout pouvoir oublier ; faisant fi des informations disant qu’ils étaient désormais en sécurité, que rien ni personne ne leur interdirait de s’asseoir, de parler et de tenter de manger et de boire le peu qui, en fin de compte, finirait par suffire pour tous. Finalement, ils s’arrêtèrent, l’un après l’autre, à mesure que se défaisait la file indienne qu’ils formaient. Une plage immense s’ouvrait devant leurs yeux, empêchant leur progression. La mer était calme et les vagues se déroulaient doucement, presque sans écume. Même s’ils ne s’en aperçurent pas tout de suite, le sable humide les consolait, en quelque sorte, de leurs longues journées de marche. Et ils attendaient, immobiles. Le dernier à apparaître fut un vieillard à la barbe blanche en bataille, appuyé sur une branche fourchue à la base. Il faut continuer, déclara-t-il. L’océan n’est pas un obstacle, assura-t-il devant les airs dubitatifs. Vous n’avez jamais entendu dire : le peuple élu de Dieu peut marcher sur la mer car les eaux se séparent ? Et, joignant le geste à la parole, il avança, résolu. Il perdit un peu l’équilibre, avec le premier reflux, mais reprit presque aussitôt une posture digne. Il avait déjà de l’eau jusqu’à la poitrine, et personne ne voyait s’ouvrir le chemin promis. De deux choses l’une, commenta le jeune homme arrivé le premier sur la plage, soit nous ne sommes pas le peuple élu, soit Dieu ne s’est pas encore rendu compte que nous étions là. Soit il n’existe pas, gémit un autre sous la douleur allumée par le sel dans les profondes balafres sanglantes qui déchiraient ses pieds nus. Du vieillard, on n’apercevait déjà plus que le bâton fourchu à la base, qui flottait au gré des vaguelettes. Peut-être qu’il n’en a plus besoin, risqua le même jeune, que les eaux le soutiennent.

 

José Mena Abrantes, ( Angola) Caminhos des-encantados, Caminho, Lisbonne, 2000.

 

Deux nouvelles de ce recueil seront publiées en janvier 2011 dans la revue Black Herald Press, en portugais et en français.

Si tu vas à Rio…

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Barbara Mendes, São Sebastião

Le professeur de latin

Classé dans : - XIXème siècle,littérature et culture — 8 décembre, 2010 @ 7:52

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Júlio Dinis

Et c’était monsieur Bento Pertunhas, personnage important de la région, à l’intelligence et la sollicitude duquel étaient confiées plus d’une charge. Outre le fait qu’il exerçait, de façon intérimaire permanente, comme souvent la fonction d’intérimaire est permanente dans notre pays, le métier qu’il appelait « directeur de la poste », il possédait l’une des chaires de latin et de latinités à l’aide desquelles on cherche au Portugal à fomenter dans les départements ruraux le goût pour les lettres anciennes ; il était aussi régisseur et directeur de la philharmonique du pays, décorateur de l’église les jours de fêtes, répétiteur de « autos » et intermèdes populaires, et, lorsque Dieu le voulait, également auteur de quelques-uns.
[…]
Afin de couper court à la divagation que l’homme avait entreprise au sujet d’un certain voyage à Lisbonne, Henrique lui demanda si le courrier n’était pas encore arrivé.
– Vous savez bien que non, Excellence, répondit monsieur Bento Pertunhas ; mais il ne devrait pas tarder. S’il marchait vite, l’homme qui va chercher la malle en ville pourrait déjà être là. Tous ces gens, que vous voyez à la porte, Excellence, l’attendent. Aujourd’hui, qu’arrivent les lettres du Brésil, tout le monde ne parle que de ça. Ils mettent ma patience à bout. C’est un enfer ! J’occupe ce poste en tant qu’intérimaire, l’employé étant paralytique ; parce que je suis professeur de latin.
- Ah ! … Ne pas pouvoir suivre sa vocation !

- Vous n’avez quand même pas trop à vous plaindre. Cultiver les lettres latines doit vous procurer des satisfactions ; parce qu’enfin, pour qui a la fibre artistique, la lecture des poètes est déjà une consolation contre les aigreurs de la vie.
Maître Pertunhas fixa Henrique, les yeux écarquillés.

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