Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Illusion

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 20 novembre, 2006 @ 5:38

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Le Prêtre Jean

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- Bon, arrange-toi comme tu peux, on va tourner en extérieur et le temps est incertain, il faut que nous profitions de la journée de demain sans faute parce que la météo a promis qu’il ne pleuvrait pas.
L’un des acteurs, qui jouait le rôle de Gil Rodrigues et, coïncidence, s’appelait aussi Gil, demanda :
- Donc, demain je vais être beaucoup plus jeune, c’est le début de l’histoire, quand Gil est encore un jeune homme en route pour la France…
- Ne t‘en fais pas, dit Júlia, la maquilleuse va te rajeunir de vingt ans en moins d’une heure.
- Oui, confirma Orlando, grâce à la maquilleuse tu seras comme neuf, mais les couches de make-up ne suffisent pas. Il faut que tu te mentalises, il faut que tu prennes une nouvelle posture corporelle, une autre attitude. Dans la scène qu’on a tournée aujourd’hui tu étais un homme de quarante ans, qui vivait à Paris il y a très longtemps et déjà sur le déclin… n’oublie pas qu’au moyen âge quand on atteignait quarante ans, on entrait pratiquement dans la vieillesse ! Demain il va falloir que tu aies l’air d’un jeune homme de vingt ans, plein de vigueur et d’espoir, avec encore un monde d’illusion devant toi !
Jorge Namuli, l’acteur mozambicain qui jouait l’ « esclave Jusino », dit :
- Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu veux que moi, je garde le même aspect, que « mon maître » Gil ait quarante ans, ou vingt…
Le réalisateur réfléchit :
- Eh bien, à vrai dire tu incarnes une sorte de figure symbolique, tu sais bien, la légende parle d’ « esclave éthiopien »…
Jorge rit :
- Vraiment, je n’ai rien d’un Ethiopien, je suis de Nampula !
- Justement ! L’Ethiopie est le royaume mirifique de la reine de Saba et du mystérieux Prêtre Jean, tu es donc le « double caché » des projections animistes de ton maître Gil Rodrigues, de ses plus beaux rêves et de ses pires cauchemars, comme si tu étais à la fois un miroir et une conscience !

António de Macedo, As furtivas pegadas da serpente, Caminho, 2004

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Le prix juste

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 16 novembre, 2006 @ 12:29

(Le voyageur a demandé « le prix juste » pour venir en aide au roi)

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Exu

La foi humaine est toujours plus grande que l’homme lui-même : le voyageur fut introduit dans les appartements royaux. Et trois jours seulement s’écoulèrent. Le peuple était massé sur la place du marché quand les épouses sortirent en courant du palais pour annoncer que le roi était déjà rétabli.
Les festivités furent programmées pour la foire suivante, mais des manifestations de joie la devancèrent. Oió se changeait en ce qu’elle avait été. Il ne fut pas jusqu’à une pluie bienfaitrice qui ne vint raviver les couleurs de la savane desséchée.
A la date fixée, le roi réapparut, entouré de pompe et d’acclamation. Il se dirigea vers le trône au centre du marché et éleva la voix :
- Qu’il vienne devant moi le voyageur à la capuche rouge et noire!
Celui-ci s’approcha et le roi dit :
- La gratitude de Oió est sans mesure. Que le voyageur me dise son prix.
- Je veux le prix juste.
- Le roi t’accorde cent pièces d’ivoire.
- C’est peu; et cela ne tient pas dans ma musette.
- Aux cent pièces d’ivoire, j’ajoute trente sabres de fer.
- C’est peu; et cela ne tient pas dans ma musette.
- Aux cent pièces d’ivoire, aux trente sabres de fer, j’ajoute dix mesures de perles de verre.
- C’est peu; et cela ne tient pas dans ma musette.
- Aux cent pièces d’ivoire, aux trente sabres de fer, aux dix mesures de perles de verre, j’ajoute cinquante esclaves.
- C’est peu, et cela ne tient pas dans ma musette.

(more…)

petit matin

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 14 novembre, 2006 @ 10:42

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Vincent Van Gogh, L’église d’Auvers-sur Oise (détail)

Je me lève ? Je vois déjà le soleil qui cherche à entrer par les pores des persiennes. Ses rayons frôlent le lit, l’armoire, la chaise où j’ai posé les vêtements d’António. Et ils entrent sans demander la permission, tous les jours. La chambre est exposée au Levant, et c’est nous, António et moi, qu’ils viennent atteindre en premier.
Je me lève. Il faut que j’aille ouvrir aux poules, elles chantent déjà. Elles sont tout à moi, les poules. La baraque, le poulailler, le potager, le morceau de terre derrière la maison où je suis si souvent. C’est ma terre. C’est en elle et pour elle que je me lève lorsque l’aurore inonde la chambre. Et j’ai la chienne, elle aboie déjà. Il faut que je la détache, que je la laisse courir dans le petit matin, entre les choux, aboyant aux poules et effrayant les poussins.
[...]
Je laisse António livré au sommeil et aux rêves qui peuvent lui arriver. Allongé dans le lit, pour lui la nuit est encore obscure, même si les pores des persiennes laissent déjà entrer de la lumière. Il dort. Je le laisse dormir, je vais à la salle de bains. Avant même de cultiver un peu la terre qui me nourrit le corps, avant tout cela, je me regarde dans le miroir.
Je me dis que les années ont passé sur toi, Justina, comme des flèches au milieu de la végétation. Elles sont passées en rasant les feuilles et les feuilles ne s’en sont pas aperçues. Elles ont à peine senti un souffle bref, une brise qui a fait bouger leurs tiges. Tous les jours, depuis que je te connais, Justina, tu te regardes dans le miroir au lever du jour. Depuis toute petite, depuis l’école primaire, depuis que tu passais toutes tes journées à l’école avec Dona Preciosa, le miroir est la première chose que tu vois dans le matin. Si tu te regardes toujours, tu n’as pas senti venir la vieillesse ? Les premières lunettes à dix ans ? Les graduations qui montaient à mesure que tu grandissais ? Les premières règles, la première fois que tu as fait l’amour, la première grossesse ? Et le premier petit-fils ? Et la retraite ? Et la vieillesse ? Et la vieillesse, Justina ?
Non, je n’ai pas senti. Peut-être que si je ne m’étais pas vue depuis un mois je me sentirais différente ? Mais comme ça, non. Comme ça, je ressemble à la fillette qui allait à l’école prendre des coups de canne de palmier à trois pointes de Dona Preciosa, je me sens comme si j’en étais encore à apprendre les premières lettres de l’alphabet. Mon visage est froissé des rides de la vie. Mes mains sont marquées par la terre. Mon corps est tombant, il attend la fin.

Jorge Reis Sá, Todos os dias, Dom Quixote, 2006

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Destins

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 14 novembre, 2006 @ 6:50

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Crédit Michel Pierssens (www.maldoror.org)

Ce qui est intriguant, pourtant, c’est que nous ne savons rien de cette fiancée de quinze ans ; sur les photographies de famille, son visage n’apparaît pas non plus, vieilli, dans ces groupes qui se faisaient immortaliser lors de réunions rassemblant plusieurs générations, et dans lesquelles, habituellement, parmi les enfants et les couples jeunes ou vieux, apparaissent toujours deux ou trois femmes seules assimilées à des tantes ou des cousines ; on lit sur leur visage l’angoisse d’une solitude irrémédiable, qu’elles cherchent à compenser en se rendant aux thés auxquels elles ne sont pas invitées, s’obstinant à parler du passé où ont été enterrés leurs rêves. La fiancée aurait pu être l’une d’elles, condamnée à vivre avec le poids de cette malédiction du promis qui avait disparu, mais qui pourrait à chaque instant réapparaître nanti d’une immense fortune provenant de l’exploitation des propriétés que son talent colonisateur avait défrichées ; et il ferait don à la jeune fille, devenue femme, moins de la virilité qu’il possédait encore lorsqu’il était parti que de cet avantage économique qu’elle pourrait garder en héritage, de même qu’un enfant qu’il pourrait encore lui faire, lors d’un répit entre la fatigue de l’âge et une maladie tropicale quelconque, sans oublier les excès commis avec les Africaines ou les Indiennes que la légende promet à ces exilés.

Nuno Júdice, L’Ange de la tempête, La Différence, 2006

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enquête

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 14 novembre, 2006 @ 8:54

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Ils durent expliquer trois fois leurs objectifs à la sentinelle, le garçon se grattait le menton d’étonnement. Et vous voulez entrer sans avoir de laissez-passer ? Mais il n’en est pas question, ici ça n’est pas à proprement parler le Jardin Zoologique, pour venir se promener le dimanche avec son amoureuse. Joaquim Peixoto tremblait à la seule pensée d’appliquer ce mot à la présence pulpeuse de Bárbara Emília tout près de lui, il montrait quand même sa carte d’identité, sa carte professionnelle, je suis ici en service. Sans laissez-passer, oubliez, mon ami. Si vous vous en étiez occupé à Lisbonne. Il fallut que Sebastião Curto vienne se joindre au groupe, deux ou trois plaisanteries déjà prêtes avec le sourire sardonique de celui qui contrôle tout, pour que cette obstination militaire commence à céder. On vient de si loin, par cette chaleur, pour se faire traiter de cette manière, mon lieutenant ? Appelez donc lieutenant votre cousine. Mais il commençait à sourire du coin des lèvres, il faut savoir les caresser dans le sens du poil, Quim.
- Je vous appelle l’officier de jour. Vous vous débrouillerez avec lui.

Bárbara Emília retourna en courant jusqu’au fourgon, délicieusement complice, pour que les choses aient l’air plus officielles. Sebastião Curto mit son appareil photo bien en vue, Joaquim Peixoto serrait fortement entre ses doigts sa carte de presse. L’officier de jour avait une barbe très courte, épaisse et bien taillée, où couraient les premiers poils blancs sur un fond cuivré. Il portait des lunettes légèrement fumées, et parlait français sans accent. Il écouta le stagiaire avec amabilité. Puis il lui tendit une carte de visite en papier brillant, avec des lettres vertes sur fond crème. Venez chez moi demain en fin d’après-midi, je serai à votre disposition. Maintenant c’est impossible. Il se retira avec un bref hochement de tête, et déjà la sentinelle leur conseillait d’aller s’occuper de leurs affaires.

Clara Pinto Correia, Adeus, Princesa, Relógio de Água, 1985

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Exil

Classé dans : - moyen âge/ XVIème siècle,littérature et culture — 11 novembre, 2006 @ 8:54

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Exil (www.ct.bam.de/people/ct)

Lamentor retourna à sa plainte, qui était grandement justifiée. Mais alors qu’ils étaient restés ainsi, lui et la sœur, pendant très longtemps, et que le soleil était près de marquer midi, la dame de bonne famille (qui par la suite se nomma Nourrice lorsqu’elle éleva la petite fille), comme elle était déjà âgée, et savait beaucoup de choses, s’approcha de l’endroit où ils étaient tous les deux à se lamenter :
- Seigneurs, dit-elle, vous allez pleurer longtemps, car il me semble que le mauvais sort existe en cette contrée aussi bien qu’en la nôtre. Laissez là les larmes, car le temps n’est pas, Monsieur, de ne pas paraître chevalier, ni pour vous, Madame, de paraître si femme. Rappelez-vous que nous sommes tous tristes, que si grand malheur fut le nôtre que non seulement nous devons le souffrir, mais aussi nous en consoler les uns les autres. Et puisque cette douleur n’aura pas de fin, prenons aussi pitié de nous-mêmes, qui sommes vivants. La sépulture est due aux morts : il faut que les choses nécessaires soient faites. Pensez que c’est là le dernier don de la vie. Tant que nous aurons le corps de Dame Bélisa sur la terre, il semblera que nous empêchions la part la moins importante de son départ. Et peut-être souffre-t-elle du fait que nous lui déniions ce droit, alors qu’elle ne nous demandera jamais plus rien d’autre.
Ces paroles achevées, qui ne furent pas prononcées sans larmes ni grande douleur de la part de tous, elle souleva la Demoiselle Aonia dans ses bras, et l’emmena sous la petite tente qui se trouvait à côté. Elle retourna ensuite vers Lamentor, pour l’aider à s’y diriger également. Puis elle s’occupa de préparer le nécessaire. Mais Lamentor ne voulut pas qu’on emmène ailleurs le corps de Bélisa, il ordonna que sa sépulture fût plutôt creusée à l’endroit où elle était morte, car il avait aussitôt décidé de ne plus quitter cet endroit aussi longtemps qu’il vivrait. Et ainsi fut fait.
Parce que la coutume, dans les royaumes d’où ils venaient, était qu’avant la mise en terre du corps tous les plus proches parents vinssent le baiser sur les joues, les familiers aux pieds, et le plus proche parent venant en dernier (il semble qu’ils faisaient cela en guise d’ultime salut, pour que la transmutation soit placée sous de bons auspices), lorsque tout fut fini, la Nourrice vint appeler Lamentor et la Demoiselle Aonia. Ils arrivèrent. Mais la demoiselle Aonia se précipita pour embrasser les joues de sa sœur, criant :
- En une autre contrée il y aurait eu plus de monde pour vous rendre cet hommage !
Puis elle commença à lacérer son beau visage, et tous trois élevèrent une triste lamentation que c’en était merveille, chacun se rappelant sa douleur, et allant baiser les pieds de Bélisa. Lamentor, qui souffrait comme il n’avait encore jamais souffert, après bien des soupirs arrachés à son âme, pensant à ce qu’il devait faire pour accomplir le rite, parla ainsi :
- Hélas, Dame Bélisa, comment dois-je vous saluer ? Pour moi vous avez quitté votre pays, pour moi vous avez quitté votre mère ! Qui a pu vous séparer de moi en terre étrangère, pour que vous me rendiez si triste ? Votre amour pour moi n’était-il pas assez grand ? Mais une mauvaise fortune quelconque de moi fut jalouse, car ce que vous faisiez pour que je fusse le chevalier le plus heureux du monde, elle le fit pour que je fusse le plus malheureux. Infortuné chevalier, car pour vous, Madame, était prévue une sépulture en terre étrangère, et pour ma vie, deux. Mais la vôtre contiendra votre corps, et les miennes, mon corps et mon âme.

Bernardim Ribeiro, Mémoires d’une jeune fille triste (Menina e Moça), Phébus, 2003, première édition Ferrare 1554

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Vengeance et hommage

Classé dans : - moyen âge/ XVIème siècle,littérature et culture — 8 novembre, 2006 @ 6:31

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(1320-1367)

 

Lorsque le roi de Castille apprit que Diego Lopes n’avait pas été pris, il fut très en colère, mais il ne put rien faire de plus ; alors, il envoya Alvoro Gonçalvez et Pero Coelho, bien gardés et enchaînés, au Roi du Portugal son oncle, ainsi qu’ils l’avaient décidé. Et lorsqu’ils arrivèrent à la frontière, ils y trouvèrent Mem Rodriguez Tenoiro, et les autres Castillans, que le Roi Dom Pedro envoyait ; et Diego Lopes disait plus tard en parlant de cette histoire qu’on avait échangé là des ânes contre des ânes. Et ils furent emmenés à Séville, où était alors le Roi, et là le Roi les fit tous tuer. On emmena au Portugal Alvoro Gonçalvez et Pero Coelho et ils arrivèrent à Santarém où était le Roi Dom Pedro ; et le Roi, satisfait de leur arrivée bien que contrarié parce que Diego Lopez s’était enfui, sortit pour les accueillir, et en proie à une rage cruelle, sans pitié, il les mit au tourment de sa main, voulant qu’ils lui avouent qui était coupable de la mort de Dona Inès.
[...]
Et aucun d’eux ne répondit à ces questions quoi que ce fût qui agréât au Roi ; et on dit que le Roi, très en colère, frappa Pero Coelho au visage, et que celui-ci lui cria des paroles laides et malhonnêtes, l’appelant traître, parjure, bourreau et meurtrier ; et le Roi ordonna qu’on lui apportât de l’oignon et du vinaigre pour le lapin [
coelho signifie lapin], se lassa d’eux et les fit mettre à mort. La façon dont on les tua, dite par le menu, serait très étrange et cruelle à raconter, car il fit arracher le cœur de Pero Coelho par la poitrine et celui de Alvoro Gonçalvez par les omoplates ; et les paroles qui furent dites, car celui qui leur arrachait le cœur était peu habitué à cette sorte d’office, seraient bien douloureuses à entendre ; enfin il ordonna de les brûler ; et tout ceci fut fait devant le palais où il séjournait, de sorte qu’il pût, tout en mangeant, regarder et donner ses ordres.
Le Roi perdit beaucoup de sa bonne réputation à cause de cet échange, qui fut tenu au Portugal comme en Castille pour un très grand mal, et tous les hommes de bien qui entendaient cela disaient que les rois se trompaient fort en agissant contre leurs serments, puisque ces chevaliers avaient reçu le droit d’asile en leurs royaumes.
[...]
Et ayant eu l’idée d’honorer sa dépouille [d'Inès], puisqu’il ne pouvait plus rien faire d’autre, il fit construire un monument de pierre blanche, très subtilement travaillé, faisant élever sur le dessus du tombeau son image avec une couronne sur la tête, comme si elle avait été Reine ; et il fit déposer ce monument dans le monastère d’Alcobaça, non à l’entrée où reposent les rois, mais dans l’église à droite, près de la grande nef. Et il fit amener son corps du monastère de Santa Clara de Coimbra, où il reposait, le plus honorablement qu’on pût faire, car elle était portée dans une litière, très bien faite pour ce temps-là, que portaient de grands chevaliers, accompagnés d’hommes très nobles, et de maints autres gens, et de dames, et de demoiselles, et de maints serviteurs. Sur le chemin se trouvaient maints hommes tenant des cierges à la main, disposés de telle manière que son corps fit tout le chemin entre les cierges allumés ; et ainsi ils arrivèrent audit monastère, qui était éloigné de dix-sept lieues, où avec maintes messes et une grande solennité elle fut déposée dans ce monument : et ce fut le plus honorable transfert qu’on eût jamais vu au Portugal.
Pareillement le Roi fit faire un autre monument aussi bien travaillé pour lui, et le fit déposer à côté du sien, afin que lorsqu’il mourrait on le déposât dedans.

Fernão Lopes (1380?– 1460?) Crónica de D. Pedro I

 

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Pour Inès, encore

Classé dans : - XVIIème/XVIIIème siècles,littérature et culture,Poesie — 8 novembre, 2006 @ 3:54

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Que l’air se brouille,
Et fanent les fleurs ;
Mourez, Amours,
Inès est morte.

Pauvre époux,
Lamente-toi,
Ton enchantement
N’est déjà plus tien.

La lame en secret,
A gâché son sein,
Injure barbare,
Qu’on lui a faite.

De douleur, d’effroi
Dans son char doré
Le bel astre blond
A défailli.

[...]

Des oiseaux sinistres
Ont piaillé ici,
Des loups ont hurlé,
Le sol a tremblé.

Que l’air se brouille,
Et fanent les fleurs;
Mourez, Amours,
Inès est morte.

Manuel Maria Barbosa de Bocage, A morte de Inês de Castro (1765-1805)

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