Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

confession

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 12 octobre, 2006 @ 1:00

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Januário s’assit et attrapa la marmite que l’autre lui tendait. Et il dit
- cette putain savait des choses, ça c’est vrai…
Ils restèrent tous deux silencieux. On entendait seulement par moments le bruit que faisait le vieux en mangeant. L’aspiration de la cuillère. La mastication salivante.
Puis il poursuivit
- moi, je n’avais déjà plus la patience de la supporter. J’en avais marre ! Cette nuit-là… je l’ai entendue dehors, en train de hurler comme une louve. Cette salope était toute nue, derrière la maison, à glapir, à se rouler sur l’aire encore chaude de soleil… On aurait dit le diable en personne…
Le vieux se tut. Il se fit un silence de mort. Soudain, sur la pierre de l’âtre, un grillon se mit à chanter.
-… autour d’elle, tout luisait, comme des charbons qui restent après un feu… Je n’y voyais presque plus… Je me suis jeté sur elle et elle s’est débattue, et quand je l’ai attrapée par derrière je lui ai tapé sur la tête avec une pierre… Je l’ai tuée.

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Abus de pouvoir

Classé dans : - moyen âge/ XVIème siècle,littérature et culture — 10 mars, 0201 @ 1:34

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monnaie frappée par Rodrigo, roi de Tolède (710-711)

Comment Alataba, fille du comte Ilham, arriva à Tolède.

Ceux qui conduisaient la fille du comte, après être partis de Ceuta, voyagèrent maintes journées jusqu’à Tolède où était le roi Rodrigue. Et celui-ci, lorsqu’il la vit, l’apprécia beaucoup, ainsi que la reine. Et, après qu’on l’eut conduite auprès des autres demoiselles, filles des plus grands nobles d’Espagne, elle commença à tenir son rang elle aussi très bien et à être si bonne et si sage que tous ne disaient d’elle que du bien. La reine l’aimait beaucoup et disait qu’il serait impossible que cette demoiselle, si elle vivait longtemps, ne devienne pas une femme exceptionnelle. Et, je vous assure qu’à entendre ceux qui parlaient de sa bonté et de sa beauté, elle était, à ce moment-là, la plus belle demoiselle de toute l’Espagne.
Or, un jour il arriva que, comme elle se promenait dans un verger avec maintes autres demoiselles, sans coiffure, et que le roi Rodrigue étant placé de façon à bien voir le groupe des jeunes femmes, il aperçut sa cheville. Et celle-ci était si blanche et si bien faite qu’il n’y en avait pas de plus belle. Dès qu’il la vit, il s’éprit aussitôt d’elle, et alla aussitôt la demander. Et, quand elle vit le roi exiger ainsi, elle fut très peinée et se défendit du mieux qu’elle put par de bonnes paroles. Mais il était si obstiné que sa défense ne lui servit de rien, et il vainquit, parce qu’elle était femme, et elle dut obéir au roi Rodrigo, qui l’aimait si fort et lui faisait tant de promesses.
Mais ce fut grande merveille car, dès le premier jour où le roi voulut la prendre, elle l’aima de moins en moins ; elle était sage demoiselle, de bon sens, et elle voyait clairement que le roi ne pouvait rien faire qui ne la déshonorât. Pourtant, sans plaisir, à ce qu’il semble, elle fit ce qu’il voulait. Et il lui vint au cœur un si grand chagrin qu’elle se mit à perdre sa beauté d’une façon effrayante.

(Crónica Geral de Espanha de 1347)

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