Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour novembre, 2009

La cité de Dieu

Posté : 30 novembre, 2009 @ 10:17 dans - cinéma, - époque contemporaine | 2 commentaires »

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Extrait du film « A Cidade de Deus » ( Brésil, 2002) de Fernando Mereilles et Kátia Lund.

Le personnage principal, issu de cette favela de Rio de Janeiro, veut devenir photographe. À la fois acteur et spectateur des événements, il témoigne ainsi de l’évolution de ce quartier, notamment en ce qui concerne les gangs, l’armement, la drogue et ses amis d’enfance qui ne suivent pas la même voie que lui.

Infini

Posté : 29 novembre, 2009 @ 9:16 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 4 commentaires »

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- Et vous, monsieur, qu’avez-vous fait de votre vie?
- Un rêve éveillé, répondis-je sans le regarder. Ma chance a été de m’être habitué depuis tout petit à ne pas travailler, pour ne pas passer ma vie entière à attendre la retraite.
- Je n’ai commencé à chercher du travail qu’à un âge plus que mûr, mais je n’en ai pas trouvé. Bizarre, à quelle vitesse ça s’est transformé en passion.
- La passion de chercher du travail est une fuite vers l’infini. Ne me demandez pas ce qu’est l’infini. C’est…
- Je vais vous le dire, moi.
- C’est un sujet sans fin. Ne vous fatiguez pas, je sais ce que c’est. La notion d’infini, qui n’apparaît claire qu’à l’heure de la mort, ne laisse pas le temps de l’expliquer à quiconque.
L’index encore mouillé, je dessinai sur la table un 8 couché, me levai et me mis en marche vers une direction indéterminée, dans cette ligne qui croise constamment l’infini.

 Dimíter Ánguelov, Assassin non pratiquant (extrait)

la mort du rossignol

Posté : 26 novembre, 2009 @ 8:01 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Statue imaginaire de Bernadim Ribeiro

La chaleur commençait alors à vouloir tomber et, en chemin, dans la hâte que j’avais de la fuir, ou à cause du mauvais sort qui me poussait, trois ou quatre fois je tombai. Mais, comme après mes malheurs je croyais n’avoir plus rien à redouter, je ne prêtai pas attention à ce qui, semble-t-il, était un signe de Dieu pour me prévenir du changement qui devait par la suite se produire. Arrivant sur la berge, je cherchai du regard les lieux les plus ombragés, et il me sembla qu’ils se trouvaient au-delà de la rivière. Je me dis alors à moi-même qu’en cela on pouvait voir que l’on désirait le plus tout ce qu’il était le plus difficile d’obtenir ; car on ne pouvait y accéder sans passer l’eau, qui coulait là plus docile et plus haute qu’ailleurs. Mais moi, qui me réjouis toujours de chercher mon malheur, je passai de l’autre côté, et j’allai m’asseoir sous l’ombre épaisse d’un vert frêne, qui était un peu en contrebas et dont certaines des branches s’étendaient au-dessus de l’eau, qui avait à cet endroit un léger courant, et qui, gênée par un rocher qui se trouvait au milieu d’elle, se divisait d’un côté et de l’autre en murmurant. Moi, qui avais les yeux posés là, je commençai à examiner comment les choses qui n’avaient pas d’entendement pouvaient aussi se contrarier entre elles, et j’apprenais en cela à me consoler un peu de mon malheur : ainsi ce rocher était en train de contrarier cette eau qui voulait aller son chemin, comme mon infortune, en d’autres temps, avait coutume de le faire pour tout ce que je désirais le plus ; car à présent je ne désire plus rien. Et de là me vint de la tristesse, car après le rocher l’eau se rejoignait et continuait sa course sans aucun bruit ; il semblait plutôt qu’elle courait là plus vite que de l’autre côté, et je me disais que cela devait être pour s’éloigner plus vite de ce rocher, ennemi de son cours naturel, qui, comme par force, se trouvait là. Il ne tarda pas que, pendant que j’étais ainsi à méditer, sur une verte branche qui s’étendait au-dessus de l’eau, vînt se poser un rossignol, et qu’il commençât un chant si suave que mon sens de l’ouïe m’emporta tout entière après lui. Et lui, à chaque fois, augmentait ses lamentations, à chaque fois il semblait que, fatigué, il voulait s’arrêter, mais aussitôt il reprenait, comme s’il venait à peine de commencer. Le pauvre petit oiseau, pendant qu’il se lamentait ainsi, je ne sais comment, tomba mort sur l’eau ; et, lorsqu’il tomba entre les branches, beaucoup de feuilles tombèrent en même temps que lui.

 

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Si le fruit est vert

Posté : 24 novembre, 2009 @ 7:34 dans - époque contemporaine, musique et chansons | 2 commentaires »

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Si le fruit est vert
Le noyau est poison…

Patricia Faria (Angola), Caroço quente

Cimetière imaginaire

Posté : 22 novembre, 2009 @ 8:10 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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*

Alors que j’errais dans le cimetière central de la capitale d’un pays imaginaire, je fus surpris par une pierre tombale qui disait :
« Ci-gisent deux squelettes qui ne sont jamais parvenus à se rencontrer mais qui auraient pu être très heureux. »
Plus loin, je lus une autre épitaphe sur une dalle elle aussi sans date:
Et à côté :
« Ici dort une vérité qui, réveillée, serait un énorme mensonge. » Finalement, il s’agissait d’un cimetière de grandes vérités immortelles. Une tristesse hors du commun m’envahit et je me mis à me répéter à moi-même : « Ne sois pas triste, ne sois pas triste… » Mais à partir d’un certain moment je sentis que cette voix ne m’appartenait plus. Et une tristesse encore plus profonde, encore plus obscure et plus dense, s’empara de moi. Pour quelqu’un que je ne connaissais pas et qui criait sa douleur de si près. Me sentant sans défense, je me mis en colère et je criai à la cantonade, férocement : « Assez ! » et je ressentis un soulagement bienheureux, une béatitude.
J’étais devant une énorme dalle de marbre blanc avec un moustique de deux mètres de haut et deux lettres dessous : C.S.
Je ne me pus m’empêcher de rire.
- Un homme étrange, dit une voix condescendante, il a acheté une concession au cimetière pour enterrer le moustique qu’il a tué le jour même de son enterrement. Et, bien sûr, il lui a donné un nom d’homme. Le cimetière était le plus beau des jardins.
« Le plus beau des jardins ? », pensai-je.
- Mais qui dit cette énormité ?

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Le parfum

Posté : 20 novembre, 2009 @ 10:22 dans - époque contemporaine, musique et chansons | Pas de commentaires »

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Groupe Entre aspas, O perfume

Ce parfum me poursuit… chaud, fort et subtil

Il se promène en moi librement… comme s’il était gentil

Oh ah ah… ah ah… ah ah…
Ah ah… ah ah… ah ah…

Il apparaît soudain… je l’inspire profondément
Pour le découvrir, pour le déchiffrer, je voudrais l’attraper…

Je voudrais l’attraper, le mettre dans mon flacon, bien fermer pour l’empêcher de s’enfuir…
L’empêcher de s’enfuir…
L’empêcher de s’enfuir… oh ah ah ah…

Mais il insiste, il insiste… il joue avec moi doucement
il me rappelle des souvenirs… il m’invite à divaguer

Oohhh… oohhh… oohhh… ah ah…

Je voudrais l’attraper, le mettre dans mon flacon, bien fermer pour l’empêcher de s’enfuir…

Crises

Posté : 19 novembre, 2009 @ 7:42 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Mine de Aljustrel

 

5200, 5206, le compteur avance péniblement à l’intérieur de ce que ressent le père, même les yeux posés sur la blanche tranquillité du mur le père ne s’éloigne pas des entrailles de la terre, 5375, le désir d’atteindre le ciel est une folie, le désir de faire l’expérience de la terre est le devoir des mortels, c’est ce que le père a toujours dit au fils, aux mineurs, aux femmes des mineurs qui sont venues rejoindre leurs maris, aux enfants qui naissaient ensuite à la mine, à tous le père avait souvent raconté comme la terre avait été blessée, personne ne connaît la terre comme le père, pour vaincre la terre il était venu des hommes de partout, même des endroits les plus lointains, la terre s’était laissée vaincre pour recevoir les corps de ceux qui l’éventraient, tout ça le père est capable de le raconter sans repentir, l’indifférence avec laquelle il raconte comment sont inutiles les respirateurs que les hommes ont faits, ou les canaris que les mineurs emportent pour les prévenir que l’air est empoisonné, des manières traîtresses que la terre a d’exhaler, les mineurs emportent des canaris qui leur chantent la lumière du dehors mais qui les alertent toujours trop tard, les mineurs savent qu’ils n’ont déjà plus le temps de se sauver quand les petits corps des canaris se recroquevillent dans les cages, c’est ainsi que dans la mort des canaris les mineurs assistent à l’imminence de leur propre mort, 6468, des crises, le ventre du père lui fait mal comme s’il avait reçu un coup de sabot, le battement du cœur violemment désordonné, l’air lui écorche les narines, le brûle à l’endroit que le père pense être les poumons, 6658, 6664, 6670, 6676, les crises durent de plus en plus longtemps, 6718,

 

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Revendication

Posté : 18 novembre, 2009 @ 8:12 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 4 commentaires »

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Gil Vicente, 1465- 1536

Juliana:

Je ne sais pour quelle raison
et nos mères et nos pères
nous proposent pareils maris
si peu de notre goût
que le diable ne le serait.
Leurs têtes paraissent monts,
leurs cheveux par les vers mangés
le teint tel écorce de chêne,
peignés une fois l’an
et en livrée de pire espèce :
réjouissez-vous avec de tels maris !

Ilaria:

Et le mien pour ses péchés
louche comme jamais n’ai vu,
les deux yeux en meurtrières ;
si tu lui parles ou chose ainsi
tu ne sauras s’il te regarde
ou s’il regarde en haut des toits.

João:

Vous êtes, ma foi, d’une engeance
de fort curieux appétit !
Voyez un peu comme il en est,
à ramer comme en galère
et à vouloir bon vent en poupe !

Mariez-vous, crénom, de bon sens
et jetez au diable le sentiment,
car tout cela n’a qu’un temps
et quiconque se marie en raison
trouve sagesse en son foyer.

Gil Vicente, Romagem d’Agravados, première représentation 1533, (traduit par Bernard Emery)

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